Je suis tombée par hasard dans une salle d'attente sur un article du Harper's Bazaar de ce mois, qui m'a inspiré l'idée de ce billet.
Le magazine reprend sous le titre "The importance of beauty" une citation de Manolo Blahnik, styliste espagnol :
"We need to devote time to stopping and staring at beautiful things, which are sometimes the most obvious and simple - like beautiful flowers. Since life is so much quicker now, and so instant, we often miss out on those kinds of experiences. But without beauty it is impossible to live".
"Nous devons prendre le temps de faire une pause pour regarder les belles choses, lesquelles sont souvent les plus évidentes et les plus simples - comme par exemple le spectacle de belles fleurs. Depuis que la vie est devenue si rapide, si instantanée, nous ratons trop souvent ce genre d'expériences. Or sans la beauté il est impossible de vivre."
Cet extrait exprime très simplement une vérité qui est aussi la mienne, à savoir que la beauté est essentielle, mais plutôt que chercher à tout prix à rechercher la beauté telle qu'on nous la dicte, il s'agit de découvrir, et de savourer, la beauté autour de nous.
Voilà alors le bonheur de prendre plaisir à percevoir cette beauté par tous nos sens : la chaleur du soleil sur notre peau, l'harmonie d'une courbe, l'éclat d'une couleur, la douceur d'un tissu, la limpidité de la mer, le bruit des vagues, le roucoulement d'un pigeon, une musique qui nous touche, l'éclat d'un rire, un sourire au regard pétillant ... petits riens ou grandes choses dont le nombre est illimité, et à la disposition de tous.
Ce peut-être la beauté d'un geste qui fait plaisir, l'attention et le respect dans le simple fait de retenir la porte derrière nous pour le suivant, une entraide spontanée quand nos courses s'étalent dans la rue.
Ou encore un moment où l'on est tout simplement assis à côté de quelqu'un qu'on aime.
J'ai lu la semaine dernière le roman d'Amélie Nothomb, "Péplum", qui relate une conversation entre la narratrice et un homme du futur, d'un futur qui met à l'écart tout ce qui est censé être laid.
"Les laids ne sont pas admis. (...) il faut être beau pour faire partie de l'élite (...). Ce critère existe de toute éternité. Notre époque s'est contenté de rendre officiel ce qui ne l'était pas."
Hypothèse d'un devenir possible de notre société actuelle, où les canons de la beauté sont rois, omniprésents dans les médias et dans grand nombre de discours.
Alors paradoxalement nous sommes souvent incapables de savourer la beauté dans notre environnement quotidien.
Mais pour accéder à cette beauté, qui peut ne durer que quelques secondes, et pourtant nous remplir de joie pour un long moment, il suffit de quelques instants, pendant lesquelles on s'efforcera de regarder autour de nous, écouter les sons, sentir toutes les sensations que nous transmet notre corps : sentir l'air autour de nous, le contact de la chaise, ou du foulard sur notre peau. Pourquoi ne pas profiter des moments d'attente, ou des temps de transport ?
Une fois ces sensations explorées, nous pouvons nous mettre à l'affût de la beauté qui se trouve autour de nous, et faire provision de ces trésors.
Apprenons à apprécier une ligne, une courbe, l'éclat d'un regard, une couleur ou un reflet, la limpidité de l'eau, la chaleur du soleil, à sentir la beauté d'une sensation ou du souffle du vent.
Nous devons nous réapproprier notre corps, être à l'écoute des signaux que nous envoient nos sens et que nous ignorons royalement.
La beauté est différemment perçue pour chacun. Prenons le temps de la voir et la regarder, de la savourer et y prendre plaisir.