La parfumerie connut une évolution et un essor exceptionnels à la Renaissance.
L'ouverture de nouvelles routes maritimes apportèrent en Europe des produits jusqu'alors inconnus : vanille, baume du Pérou, girofle, cannelle, gingembre, encens, benjoin.
L'invention de l'imprimerie permit une diffusion des savoirs concernant les essences parfumées, leur confection et leur conservation.
Enfin, l'Italienne Catherine de Médicis contribua largement à la mode du parfum en France, emmenant avec elle le goût italien.
Les parfums étaient très appréciés et recherchés à la Renaissance.
A cette époque où on se lavait peu, le rôle des parfums était essentiellement celui de camoufler les odeurs corporelles. Le choix des senteurs allaient donc vers les parfums forts et capiteux, tels que l'ambre, le musc, le jasmin ou la tubéreuse.
Le parfum était ommniprésent : on se parfumait le corps, on versait des essences odorantes sur les meubles et toutes sortes d'objets, on parfumait même les animaux à l'occasion des fêtes. On aimait parfumer vêtements et accessoires fabriqués en peau : gants, ceinture, bourses.
Ainsi vit-on apparaître en France la profession de gantier parfumeur, qui remplaça peu à peu celle d'apothicaire pour le commerce des parfums.
Le parfum était au départ importé d'Italie, où les coiffeurs et parfumeurs de Florence, Venise et Milan concoctaient une multitude d'eaux de toilette. Puis la France vint à produire ses propres parfums. C'est ainsi que Grasse, après Venise, devint la capitale du parfum.
La simple décoction était alors le procédé de fabrication le plus courant. La distillation était encore peu utilisée, mais faisait l'objet de recherches avancées intéressant savants et botanistes.
Les substances odorantes étaient mêlées à de l'eau pure, au vin, à l'eau-de-vie ou à des eaux florale telle que l'eau de rose.
Recettes de parfumeurs de la Renaissance :
Eau d'Ange :
"Dans un coquemart de terre où vous aurez mis trois pintes d'eau, vous y mettrez une livre de Benjoin concassé, une demi livre de Storax concassé, une once de Cannelle pilée, demi-once de clou de Girofle pilé, deux Citrons coupés en quatre, deux ou trois morceaux de Calamus. Ensuite vous mettrez le coquemart auprès du feu, et le couvrirés et le ferés bouillir jusqu'à la diminution d'un quart : puis vous verserés l'eau dans un bassin et la laisserés refroidir avant de la serrer dans des bouteilles.
Autre manière : Vous mettrés dans le Coquemart trois chopines d'eau de fleur d'Orange et trois chopines d'eau de Rozes : vous y mettrés ensuite les mêmes drogues et la même quantité qu'à l'eau d'Ange précédente, à la réserve du Citron qu'il ne faut pas : vous y ajouterés de plus une vessie de musc, vous la ferés cuire de la même manière, et après avoir tiré l'eau vous tirerés le marc."
"Le Parfumeur françois, qui enseigne toutes les manières de tirer les odeurs et à faire toutes sortes de compositions de parfums", par le Sr Simon Barbe, parfumeur, publié en 1693
Eau de grenadier :
"Prenez fleur de grenadier et qu'il sèche tant qu'on en fasse une once de poudre et la mettez en un sachet de toile. Puis prenez trois onces d'eau-de-vie et mettez dedans la dite poudre et l'y laissez vingt-quatre heures ou plus. Puis prenez de cette eau une once et la mettez dans une chopine d'eau de pluie ou de fontaine qui soit tièdeet il semblera que s'en soit tout."
"La Pratique de faire toutes confitures, condiments, distillations, eaux odoriférantes et plusieurs autres receptes très utiles", de Benoist Rigaud et Jean Saugrain, publié en 1558
Eau de Damas composée et huile de Damas :
"Prenez vin de malvoisie trois livres, eau de rose, et de lavande demie livre, Canelle, cloux de girogle de chacun demie once, fleurs de rosmarin, de marjolaine de chacun quatre poingnées, racine de Caryophyllate, escorce d'orenges, cypres, coq, baulme de chacun demie poingnée, fueilles de laurier une poingnée, noix muscade, Ladanum, nielle Romaine, styrax Calamithe de chacun une once, pouldre d'ireos deux onces, Calame aromatiq, poivre long de chacun once et demie, Camphre deux dracmes, ambre, musc, de chacun demy scrupule : les drogues qu'il faut piler soient pilees, celles qu'il faut hacher soient hachees, puis macerees l'espace de trois jours, par après destillees par alambic de voirre. L'eau sortira la première, puis l'huyle, après que la destillation sera faicte soit rectifiéee ou cuicte en double vaisseau."
"Quatre livres des secrets de médecine des secrets de médecine et de la philosophie chymique esquels sont décrits plusieurs remèdes singuliers", par Conrad Gesner, 1593
Poudres odorantes :
"Pour faire une pouldre très odorante, qui s'appelle roses gastées :
Prenez des roses de Provins seulement les fueilles de la fleur et soyent très bien espanouies et mûres, lesquelles estendez dessus un linceul et les couvrez d'un autre assez délié au soleil, et ainsi les seicherez, et quand elles seront seiches prenez un plat de bois bien net et eschauffez au soleil, et petit à petit y mettez lesdictes roses, en les mouillant par bonne façon avec un petit asperges de fine eau de rose, et aussi en les mouillant gasterez un petit de poudre de ciperi ou de chypre cy dessouz escrite, apres prendrez deux scrupules de musq, et deux scrupules de gibelet ou civette mis en pouldre avec une amande, ou dissoluz avec eau-rose tiède, puis laverez trèsbien vos mains, puis broyerez trèsbien lesdictes roses, puis les couvrerez audit plat, et les mettrez au soleil seicher d'elles mesmes."
"S'ensuit la pouldre de Chypre, pour les roses pécédentes :
Prenez une livre de racine de cyperi ou d'Iris Florentiae recentis gros et de bonne odeur, et le faictes piler et passer subtilement, avec laquelle incorporez deux scrupules de musq, ou deux d'ambre gris, et deux onces benjoin, demie once floracis cala et ligni aloes , et ladanum un petit en pilant le tout en un mortier, et le tout mettez en une fiole bien bouchée au soleil quatre ou cinq jours, et tant plus y demeurera et tant sera meilleur, de laquelle soupouldrerez les roses dessusdictes en les mouïllant, saupouldrant et seichant."
"Recueil de plusieurs secretz tresutiles, tant pour l'ornement que la santé du corps humain, tirez des plus excellens auteurs, tant grecz que latins, ouvellement traduict d'italien en françois", 1561
Le pomander :
Le pomander, datant du Moyen Age, est aussi appelé pomme d'ambre, ou pomme de senteur. Créé au Moyen Age, il s'agit d'un bijou constitué d'une petite cage sphérique, qui contenait des senteurs telles que l'ambre gris, la civette ou le musc.
A la Renaissance, ce bijou devint une pièce d'orfèvrerie, ciselée en or ou argent, et orné de perles, émaux ou pierreries. Il s'ouvrait alors en quartiers où l'on pouvait disposer plusieurs parfums, en pâte ou en poudre.
On le portait en pendentif, à la ceinture ou autour du cou, au bout d'une chaîne.
Le pomander ci-dessus comportait six parties : augstein (ambre), nagelen (clous de girofle), annis (anis), meiraen (myrrhe), kanneel (cannelle), muskaten (noix de muscade).
Source image : Kosmetika
Sources :
"La vie à l'époque de la Renaissance", par Lia Pierroti-Cei, 1982, Ed. Minerva.
Fragonnard Parfumeur : L'histoire du parfum : de la Renaissance au siècle des Lumières.
"Le parfum des origines à nos jours", d'Annick Le Guérer
Wikipedia : La pomme de senteur