Mars 1914, il y a cent ans à peine ... L'air est plus doux ce matin, propice à une promenade dans les bois, en couple ou entre amis, à savourer la tranquillité et une certaine insouciance en ce temps où la guerre n'était pas de leurs projets.
Source : Le jardin des modes nouvelles, mars 1914 (gallica.bnf.fr - Bibliothèque nationale de France)
Une jeune femme se prépare pour partir en voyage. Son appartement est envahi par les malles et les caisses à chapeaux.
"Il y a la grande, la haute malle-armoire où, dût-on voyager un an de suite, les robes ne s'abîmeront jamais. Celle-là est pour les robes habillées et délicates, les manteaux du soir vaporeux.
"Sa malle commode vient ensuite avec ses tiroirs d'où il est inutile de sortir les gants, les mouchoirs, les voiles, etc., chacun de ces accessoires ayant sa place indiquée.
"Il y a aussi la malle à linge, choisie parmi les grandes malles plates d'ancienne mémoire. Elle a tendrement fait placer sous ses yeux, dans la monumentale caisse à chapeaux, grands et petits couvre-chefs parmi lesquels il en est qu'elle aime plus qu'aucune robe, tant ils savent donner à sa physionomie de charme et de mystère. Pas un voile, pas une paire de gants qui n'aient été disposés là ou là sans qu'elle l'ait voulu. Dans son petit buvard de lit en marocain violet, assorti à son bagage, elle a mis elle-même les flacons de son nécessaire ; elle s'est amusée à tous ces menus détails qui vont aider à lui créer loin de chez elle une atmosphère toute personnelle.
"Ses photographies, sa pendulette, et tant d'autres choses encore, elle a tout choisi, tout emballé, jusqu'à son service à thé de voyage qui lui permet, aux jours de rêverie mélancolique, de rester dans son appartement seule avec ses regrets te ses espérances."
Dans le train, elle "s'installe dans le compartiment." Elle met sous ses pieds son nécessaire, "pour se caler durant le trajet, elle a sorti de son "Hold-all" un coussin de maroquin souple, ses livres, une boîte de bonbons aux fruits et des gants de renne à manchettes larges.
"Son chapeau placé dans le filet sous un grand mouchoir de soie, a été remplacé sur sa tête par un voile de dentelle noire, noué sous la nuque, et appelé à préserver ses cheveux de la poussière.
"Sa couverture de voyage est en velours mi-velours, mi-peluche, du ton du maroquin des sacs, est placée à côté du long manteau en tissu anglais, précieux à l'heure de l'arrivée tardive.
"On ferme les portières, les journaux pris hâtivement volent par le compartiment, le coup de sifflet a fait glisser le train silencieusement le long des maisons à jardinet et des grands immeubles en falaise qui font aspirer aux grandes vagues de collines, aux prairies.
"Son sac à main d'un violet de "violette des bois" posé sur ses genoux, une mains sur les yeux, la voyageuse parâit rêver."
Source : Les jardins de la mode nouvelle, 1913 (gallica.bnf.fr - La bibliothèque nationale de France)
En 1913, les danses contemporaines les plus récentes sont le tango, surtout, et ses dérivés : la maxixe brésilienne, et la « très moutarde ». Des danses qui « révolutionnent les moeurs », bousculent les traditions, s'accommodant mal de « la salle à manger bourgeoise qui embaume le tilleul et la camomille ».
Sources : Le jardin des modes nouvelles, décembre 1913 (gallica.bnf.fr – Bibliothèque nationale de France)
Pour en savoir plus :
La maxixe et son introduction en France
Tango
"Très moutarde"
Maxixe brésilienne
Au début du vingtième siècle, les frères Lumière mirent au point un procédé de photographie couleur sur plaque de verre : l'autochrome. Cette technique apporte un réalisme particulier et nous permet aujourd'hui de partager intimement ces instants saisis il y a plus de cent ans, instants de la vie de ces femmes anonymes.
Jeune femme à ombrelle rouge assise dans un jardin (vers 1907) - Photographe non identifié
Jeune femme assise à sa table dans un jardin (août 1909) - Photographe non identifié
Femme en robe assise à son bureau (vers 1907) - Photographe non identifié
Jeune femme dans un verger (vers 1907) - Photographie de Clément Maurice
Femme cueillant des fleurs dans une prairie (vers 1907 à 1913) - Photographie d'Etienne Descargues
Jeune femme à l'ombrelle (vers 1907) - Photographie de Clément Maurice
Source : Gallica
De 1907 à 1911, ces photos de presse nous montrent la vogue des champs de course de chevaux, occasions pour les élégantes de sortir leurs grandes toilettes.
Femme en grande toilette à l'hypodrome de Longchamp - 17 mai 1908
Devant le guichet de pesage d'un champ de course, un homme et une femme en grande toilette - 1908
Femme en manteau de fourrure à l'hyppodrome d'Auteuil - 5 décembre 1909
Deux élégantes au Prix du conseil municipal à l'hyppodrome de Longchamp - 9 octobre 1910
Deux élégantes à l'hyppodrome de Longchamp - 1er avril 1907
Toilettes au Prix du conseil municipal à l'hyppodrome de Longchamp - 9 octobre 1910
Toilette à l'hyppodrome de Longchamp - 24 septembre 1911
Femme élégante portant une longue étole de fourrure à l'hyppodrome d'Auteuil - 1911
Une élégante à l'hyppodrome de Longchamp - 10 octobre 1911
Toilette à l'hyppodrome de Longchamp - 24 septembre 1911
Image 1 : Couple d'élégants au Prix du conseil municipal à l'hyppodrome de Longchamp - 9 octobre 1910
Source : Photographies de l'agence Rol (vu sur Gallica)
1912, il y a cent ans, au bord de la mer. Une baigneuse sort de l'eau sous l'oeil du photographe avant de s'enrouler dans une serviette, des mères se promènent sur la plage. On y voit des maillots, vêtements de plages, petits peignoirs, chapeaux et bonnets de bains, témoignages d'un autre temps, d'autres habitudes.
Source : Photographies de l'Agence Roll, 1912 (vues sur Gallica)
Ces chapeaux délicats et fleuris ont été fabriqués dans les années 1900 par la Maison de Madame Alphonsine, dont la boutique se tenait rue de la Paix à Paris.
Ci-dessous, Nadar a photographié Gabrielle Rose, Mademoiselle Denise et Mlle Szepezynska, chanteuse russe, qui portent à l'occasion certains de ces chapeaux.
Sources :
The Metropolitan Mudeum of Art