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Les blogs 2016 qui inspirent les femmes actives
8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 16:37

Au XVIIe siècle, les recettes de beauté se situaient quelque part entre la cuisine et la sorcellerie. Les traités de parfumerie publiés sous l'Ancien régime sont des témoins remarquables des usages de ce temps en matière de cosmétique et de parfumerie.

Les compositions en sont souvent très simples, basées sur les fleurs et plantes diverses (voir ici). Elles sont aussi parfois très étonnantes, voire plutôt dégoûtantes, et on a peine à imaginer les belles de l'époque se tartiner le visage et les mains de ces onguents, qui en outre ne devaient pas sentir très bons.

 

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« Les secrets merveilleux de la magie naturelle du Petit Albert »

 

En 1651, Le Petit Albert nous livre quelques recettes de beauté intéressantes, parmi des recettes dignes de grimoires de sorcière. Quand certaines pourraient être plutôt abordables (voir ici ), d'autres sont plutôt effrayantes.

 

Ainsi, pour « faire une eau qui oste les taches du visage et le fait beau et luisant », il faudra "prendre un pigeon blanc et le plumer, puis lui ôter les entrailles, à savoir les boyaux, et lui couper la tête et les pieds" … Ceci est la première étape de la recette, je ne pense pas que la suite vous soit très utile …

 

Voulez-vous une « eau pour la face vermeille » ? Rien de plus simple. Prenez la jambe d'un bœuf ou veau, ôtez-lui la peau et les ongles, puis rompez tout le reste en pièces, et distillez-le. Vous vous laverez de cette eau au matin.

 

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Les secrets de Nicolas de Bligny

 

En 1688, Nicolas de Bligny écrit ses « Secrets concernant la beauté et la santé ».

Une de ses recettes de « pommade excellente » débute ainsi : « Faites cuire une douzaine de pieds de moutons ». La dernière étape consiste à ajouter du musc, de l'ambre et autres parfums « pour luy donner une odeur agréable » ... On comprend.

Les autres recettes comprennent entre autres de la poix, du beurre, du suif de mouton et de veau, de la moëlle des os de chien, mais aussi de la thérébentine de Venise, de la céruse (à base de plomb toxique), de l'encens, des œufs, du vin rouge, du lait de chèvre, ou des feuilles de tabac.

Le sperme de baleine est l'ingrédient principal d'un remède secret pour ôter les rides, de même pour les suifs de cerf et de bouc. Si l'on utilise les graisses de chapon, de chevreau et de cerf, on les choisira "tués au mois de mai", c'est mieux, avant de les associer à la délicate eau de roses pour obtenir une belle pommade blanche. Une autre recette emploie la moelle « des pieds de derrière des moutons tués en pleine lune ».

 

Pour finir en beauté, je vous confie cette recette exceptionnelle citée par Nicolas de Bligny qui me semble représentative du pire dans ce domaine, et dont je vous laisse savourer chaque détail. Vous pourrez en imaginer la préparation, puis l'application sur les visages des belles dames, ainsi que les senteurs que cette eau cosmétique pouvait dégager. Mais plus encore, la question essentielle est bien : quels pouvaient en être les effets sur la peau ?

 

« Eau de chair pour nourrir, et pour conserver la délicatesse du teint

« Prenez quatre pieds de veau desquels vous ôterez les os pour les mettre tremper durant neuf jours dans de l'eau de fontaine, que vous changerez deux fois chaque jour. Mettez les ensuite dans un alambic de verre avec le blanc et les coques de deux douzaines d'oeufs frais, une rouelle de veau bien lavée, dégraissée, désossée et coupée par morceaux, un poulet écorché tout vif, duquel vous ôtez la tête, les entrailles et les pieds, un citron coupé par tranches, demie once de graine de pavot blanc concassée, le dedans d'un pain de chapitre emmietté, quatre petits chiens nés depuis un ou deux jours et trois chopines de lait de chèvre ; puis dissipez le tout au bain-marie bouillant durant trois jours et trois nuits sans discontinuer le feu. Et appliquez ensuite sur le visage de cette eau distillée, avec un linge qu'on en aura imbibé le soir à l'heure du sommeil, essuyant le matin avec un linge blanc de lessive. Ce qui sera réitéré trois ou quatre fois chaque semaine, observant d'exposer votre eau au soleil dans une fiole bien bouchée, sans quoi elle se conserverait très peu de jours. »

 

 

Sources :

Gallica – Bibliothèque nationale de France

Medica - BIU Santé, Paris

 

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 21:37

 

Pour les compositions de Pastilles à brûler, il ne faut entreprendre d'y mêler que des choses qui sont propres à brûler, et qui poussent de l'odeur dans la fumée, car autrement ce seroit autant de perdu.

Par exemple, si vous y mettez de la Civette, elle rendra plutost une méchante odeur qu'une bonne. Pour preuve, mettez un grain de Civette dans le feu, il sentira plus mauvais que bon. Et le Musc de même. Et au contraire mettez-y de l'Ambre et vous tirerez une odeur agréable, at ainsi des autres drogues.

 

 

Pastilles communes.

 

Vous mettrez dans le mortier une livre de Benjoin commun, demi once de clou de Girofle, deux gros de Canelle, un morceau de Calamus, vous pilerez le tout ensemble et le passerez au Tamis de crin. Ensuite vous ferez détremper de la gomme Adragant avec de l'eau commune, et vous mettrez dans le mortier la poudre que vous aurez passée avec une écuellée de cette gomme, et vous les mêlerez et pilerez ensemble pour former la pâte.

Si vous trouvez que votre pâte soit trop molle, vous y remettrez de la poudre, ainsi la pâte est aisée à faire. Il ne s'agit après que d'aplatir votre pâte avec un rouleau, et de tailler vos Pastilles avec le moule, et les mettrez sécher, et elles seront faites.

 

Les moules dont on se sert pour tailler les Pastilles sont de fer blanc. Ils sont faits comme si c'étoit un cornet ou étuy, à mettre le doigt. De force qu'appuyant par un bout sur la pâte qui est mince, en tournant le moule, la Pastille demeure dedans, et en soufflant par l'autre bout elle sort du moule.

 

Ou (sans moule), vous aplatirez la pâte avec un rouleau et taillerez vos Pastilles à votre gré, et à mesure qu'elles seront taillées vous les mettrez sécher sur un papier à l'air.

 

 

Pastilles de Rozes et Oiselets.

 

Vous pilerez et passerez au Tamis de crin une livre de marc d'eau d'Ange, de celuy qui sera sorti de l'eau d'Ange du premier Article des Eaux ; et duquel vous ôterez les Citrons. Et étant réduit en poudre vous le mettrez dans le mortier, y ajoutant une poignée de feuilles de Rozes fraîchement cueillies, et une écuellée de gomme Adragant détrempée avec de l'eau de Rozes. Vous pilerez le tout ensemble assez long-temps pour bien former la pâte, vous l'aplatirez avec un rouleau et la couperez avec un couteau par tablettes comme vous voudrez.


Pour en faire des Oiselets vous en prendrezdes morceaux que vous roulerez dans les mains comme un bout de bougie, longs comme le doigt, auquel vous ferez un bout un peu large pour le faire tenir debout ; et les mettrez sécher. Ces sortes de Pastilles s'allument comme une Chandelle, et brûlent jusqu'à la fin sans s'éteindre et produisent une fumée d'une très bonne odeur.

 

 

Pastilles d'Espagne.

 

Vous pilerez et mettrez en poudre, passée au Tamis de crin, le marc de l'eau d'Ange, du second Article de l'eau d'Ange, et vous ferez détremper de la gomme Adragant avec de l'eau de fleurs d'Orange. Et vous en ferez une pâte dans le mortier avec votre poudre.

Vous taillerez ensuite vos Pastilles avec les moules et les mettrez sécher, et elles seront faites.

 

Autre manière.

 

Vous mettrez dans le mortier une livre de Benjoin, demi livre de Storax bien sec, demi once de Canelle, deux gros de Girofles, deux onces de Rozes de Provin, et un morceau de Calamus. Vous pilerez le tout ensemble et le passerez au Tamis de crin, jusqu'à ce que le tout soit consommé. Vous ferez ensuite détremper de la gomme Adragant avec de l'eau de Mille-fleurs et l'eau de fleurs d'Orange, autant de l'une que de l'autre. Puis vous ferez votre pâte dans le mortier avec votre poudre et votre gomme comme à l'ordinaire.

Puis vous les taillerez à votre gré et les mettrez sécher, et elles seront faites.

 

 

Pastilles de Portugal.

 

Vous pilerez et passerez au Tamis de crin une livre du meilleur marc d'eau d'Ange que vous ayez. Ensuite vous détremperez de la gomme Adragant avec de l'eau de fleurs d'Orange. Et faites votre pâte dans le mortier avec votre poudre et votre gomme comme à l'ordinaire, à l'exception qu'il faut faire votre pâte un peu plus ferme.

Vous ferez ensuite chauffer le cu du petit mortier et le bout de son pilon, et fairez fondre par sa chaleur vingt grains d'Ambre, il n'importe duquel, et y ajouterez un filet d'eau de Mille-fleurs pour le délayer. Vous augmenterez cette eau jusqu'à la quantité d'un demi-verre. Ensuite, vous mettrez votre mortier sur un réchaut de feu, et votre composition étant chaude vous la verserez sur votre pâte et la mêlerez bien, et elle sera faite.

Vous taillerez vos Pastilles avec les moules comme à l'ordinaire et les mettrez sécher.

 

 

Manière de détremper la gomme pour faire les Pâtes des Pastilles.

 

Vous mettrez détremper votre gomme en telle eau que vous voudrez, mais il faut que l'eau ne la surpasse que de la hauteur d'un travers de doigt, parce qu'il ne la faut pas noyer tout d'un coup. Et lors qu'elle aura bu l'eau vous en ajouterez encore. Et ainsi peu à peu, jusqu'à ce qu'elle soit détrempée, non pas trop liquide, mais seulement bien molette et bien détrempée, et vous vous en servirez.

 

 

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 21:48

 

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A une époque où le savon était constitué essentiellement à base de cendre et de graisse animale, il n'était pas d'une odeur très raffinée, et les parfumeurs possédaient leurs secrets pour en améliorer la senteur.

Ainsi, ils commençaient par "purger" le savon, opération consistant à en enlever les mauvaises odeurs. Puis ils le parfumaient par différents moyens.

 

 

Avertissements.

 

Les plus excellentes et les meilleures Savonnettes étoient autrefois celles de Bologne, car les Bolonnois avoient trouvé le secret de si bien préparer et parfumer le Savon, que personne n'avoit jusqu'alors entrepris sur leur manière, mais ils ont si fort négligé de les bien parfumer, et l'on s'est si bien étudié que l'on a trouvé le moyen de faire mieux qu'eux.

De sorte que présentement toutes les Savonnettes que l'on vend pour Bologne n'en sont point, mais elles sont aussi bonnes, puisque l'on se sert du Savon qu'ils apprêtent, et que tout dépend de la manière de les parfumer ainsi que vous le verrez.


A l'égard des autres sortes de Savonnettes, tout l'art consiste à bien préparer le Savon comme je l'enseigne, car le Savon ayant de soi-même une assez méchante odeur, il est besoin de la luy ôter avant que d'y mettre aucun parfum. C'est l'avis le plus important sur ce sujet.

Quand aux communes il n'est pas nécessaire qu'il soit purgé si l'on ne veut, car les essences que l'on y met pénètrent tout.


Si on les veut marquer de quelque marque ou cachet, il faut que ce soit lors qu'elles sont roulées et un peu raffermies, et si on les veut dorer, il faut attendre qu'elles soient fraîches. Il n'y a pour cet effet, qu'à humecter la marque de la Savonnette avec un peu de coton imbibé d'eau de senteur, ensuite poser la Savonnette sur la feüille d'or, que vous aurez auparavant coupée à peu près de la grandeur de la marque, et appuyer l'or avec un peu de coton sec. Et cela sera fait.

 

 

Manière de purger le Savon.

 

Vous prendrez une Table de Savon, que vous ratisserez bien, ensuite la découperez bien mince et vous mettrez le tout dans un grand chauderon sur le feu avec cinq ou six pintes d'eau. Et vous ferez fondre votre Savon, toujours remuant avec un bâton jusqu'à ce qu'il soit bien fondu.

Ensuite vous le verserez dans des vaisseaux et le laisserez plusieurs jours jusqu'à ce qu'il soit bien fermé. Puis vous le découperez tout le plus mince que vous pourrez, et vous le laisserez sécher jusqu'à ce qu'il soit dur comme du bois.

Ensuite vous le mettrez dans des vaisseaux ou bassins et verserez de l'eau de vie suffisamment pour le détremper.

Vous y jetterez aussi quelque poignée de sel, et le tournerez bien dessus dessous, afin que le tout soit bien imbibé.

Puis vous le mettrez derechef sécher à l'air, jusqu'à ce qu'il soit bien sec, et pour lors quand vous en aurez besoin vous le ferez ramollir selon les Savonnettes que vous voudrez faire, comme vous trouverez dans leurs articles.

 

 

Savonnettes communes.

 

Prenez cinq livres de Savon que vous ratisserez et le mettrez dans le mortier pour le piler assez longtemps. Ensuite maniez bien votre Savon pour en retirer les petits morceaux qui n'auront pas été pilés.

Remettez votre Savon dans le mortier et y mettez aussi deux livres de poudre d'amidon, une once d'essence d'Orange ou de Citron, et environ un demi septier d'eau de Macanet préparée de la manière que je vous le diray bien-tôt. Mêlez doucement le tout ensemble avec le pilon, et ensuite pilez le tout assez long-temps, et cela sera fait.

Il ne s'agira plus que de rouler votre pâte de la façon que vous voudrez pour en faire des Savonnettes et les laisser sécher. Si votre pâte se trouve trop molle, il faut laisser raffermir d'elle-même.

L'Eau de Macanet se fait ainsi. Vous pilerez quatre onces de Macanet dans le mortier, et le mettrez tremper dans une chopine d'eau du jour au lendemain. Ensuite vous passerez cette eau par un linge et exprimerez bien le Macanet, puis vous ferez détremper dans la même eau deux onces de blanc de Céruse que vous aurez mise auparavant en poudre. Vous y ajouterez encore une poignée de sel et vous en servirez comme j'ay dit.

 

 

Autre manière.

 

Lors que vous aurez pilé cinq livres de Savon comme cy-devant, et retiré les grumelots, vous remettrez votre Savon dans le mortier, et vous y ajouterez deux livres de poudre d'amidon, environ un demi septier d'eau de Macanet apprestée comme cy-devant, une cuilierée d'huile d'Aspic, une demi once d'Orange ou de Citron, et deux cuilierées de Storax liquide appresté comme cy-après.

Vous mêlerez le tout doucement avec le pilon. Ensuite vous le pilerez à grands coups jusqu'à ce que le tout soit bien mêlé et incorporé, et cela sera fait.

Le Storax liquide s'appreste ainsi. Vous mettrez une once de Storax liquide dans une terrine avec un demi verre d'eau, et remuerez le Storax avec une cuillière à mesure qu'il fondra, et étant fondu vous vous en servirez comme il est dit.

 

 

Autre manière.

 

Faites fondre cinq livres de Savon coupé bien mince, avec une pinte d'eau de Citron, et étant bien fondu passez le tout dans un linge qui ne soit point trop fin. Ensuite ajoutez y deux livres de poudre d'amidon, une once d'essence d'essence d'Orange ou de Citron, deux onces de Céruse détrempée dans un verre d'eau. Vous paitrirez bien votre pâte avec les mains, jusqu'à ce que le tout soit bien mêlé, et lors que votre pâte sera raffermie, vous roulerez vos Savonnettes de la grosseur que vous voudrez, et les mettrez sécher.

Pour faire l'Eau de Citron, vous couperez par morceaux environ une demi douzaine de Citrons, vieux ou non, il n'importe, que vous ferez bouillir dans une pinte d'eau, l'espace d'une demi heure. Ensuite vous les exprimerez dans un linge et vous vous servirez de cette eau.

 

 

Savonnettes de Neroly.

 

Vous prendrez huit livres de Savon sec purgé comme il a été enseigné cy-devant, et le mettrez dans un bassin. Vous y verserez de l'eau de fleurs d'Orange ou de Roze jusqu'à la hauteur du Savon afin de le détremper.

Vous aurez soin deux fois le jour de remuer le dessus dessous jusqu'à ce que le Savon ayt consommé l'eau et soit ramoly. Et vous le laisserez ainsi jusqu'à ce que vous le voyiez en état d'être pilé.

Puis vous le pilerez assez long-temps et vous le manierez bien après l'avoir pilé, afin de retirer les grumelots qui y resteront. Vous remettrez votre Savon dans le mortier, et y ajouterez une livre de Labdanum en poudre bien fine, et deux onces d'essence de Neroly. Vous mêlerez doucement le tout ensemble avec le pilon, ensuite vous pilerez assez long-temps pour bien mêler et incorporer le tout, et cela sera fait.

Si la pâte se trouvoit trop ferme vous y pouvez verser de l'eau de fleurs d'Orange à discrétion, et la pâte en sera très-bonne. Lors que la pâte sera raffermie, vous roulerez vos Savonnettes et les mettrez sécher.

 

 

Savonnettes de Bologne.

 

Vous prendrez trois paquets de Savonnettes communes de Bologne, que vous pilerez dans le mortier jusqu'à ce qu'elles soient mises en miettes. Et les mettrez dans un bassin et y verserez de l'eau d'Ange jusqu'à la hauteur de la pâte. Et la laisserez tremper jusqu'à ce qu'elle soit amolie, ce qui pourra être dans deux ou trois jours, pendant lequel temps vous aurez soin deux fois le jour de remuer le dessus dessous. Et lors qu'il n'y aura plus d'eau et que la pâte sera raffermie vous la pilerez assez long-temps, puis vous la manierez bien pour en tirer les grumelots. Et ensuite vous partagerez votre pâte en deux pains égaux, puis vous ferez ce qui suit.

Vous prendrez un demi septier d'eau d'Ange et autant d'eau de Roze, et vous mettrez dans le petit mortier deux gros de musc avec un peu de la-ditte eau d'Ange pour le dilayer. Vous le pilerez bien en ajoutant toujours de cette eau, puis vous le passerez par un linge qui ne sera ny trop gros ny trop fin.

Ensuite vous ramasserez avec une cuilière le musc qui sera resté dans le linge, et le pilerez derechef, y ajoutant toujours de l'eau, et vous continuerez jusqu'à ce que le Musc ait été passé et consommé avec l'eau d'Ange et l'eau de Roze. Et le linge sera lavé avec de la même eau, afin qu'il n'y reste point de musc, et le tout étant bien mêlé toute l'eau sera mise dans une bouteille de verre pour s'en servir comme vous verrez cy-après.

Vous prendrez un des deux pains de pâte susdits que vous mettrez en morceaux dans le mortier. Vous mettrez dessus une bonne poignée de poudre de Labdanum passée bien fine, demi once de baume du Pérou, un bon filet d'essence de Neroly, et environ un demi septier de la susditte eau. Vous mêlerez bien doucement le tout ensemble avec le pilon. Ensuite vous pilerez le tout assez long-temps pour mêler la pâte, et elle sera faite. Et tout ainsi que vous aurez fait sur ce pain vous ferez sur l'autre, et vous les mettrez ensemble bien couverts environ deux jours, afin de leur donner le temps de bien prendre les odeurs. Et ensuite la pâte étant raffermie vous les roulerez comme vous voudrez et elles seront faites, et vous les mettrez sécher.


 

Savonnettes de Bologne, les meilleures.

 

Il faut prendre trois paquets de savonnettes de Bologne qu'il faut piler et mettre tremper avec de l'eau d'Ange jusqu'à la hauteur de la pâte, tout ainsi qu'aux précédentes. Et outre l'eau d'Ange ajoutez-y un demi septier de lait virginal, et vous remuerez cette pâte deux fois le jour le dessus dessous, afin que le tout se détrempe bien, et l'eau ébuë et la pâte raffermie. Il la faudra piler et ensuite la manier pour en retirer les grumelots, et le tout étant bien réduit en pâte il en sera fait deux pains égaux, puis vous ferez ce qui suit.

Vous pilerez demi once de Musc dans le petit mortier avec de l'eau d'Ange, tout comme il est enseigné dans les Savonnettes précédentes. Et enfin vous consommerez votre Musc le pilant et passant par un linge avec un demi septier d'eau d'Ange, et autant d'eau de Roze, puis vous vous en servirez comme il suit.

Vous prendrez un des deux pains de pâte que vous mettrez par morceaux dans le mortier, et vous mettrez par dessus ce pain deux onces de baume du Pérou, un bon filet d'essence de Néroly, une bonne poignée de poudre composée, sçavoir un tiers de poudre fine à la Maréchalle, un tiers de poudre de racine de Campanne, et un tiers de Labdanum en poudre, et un demi septier de l'eau susditte composée avec le Musc. Vous mêlerez bien tout ensemble et le pilerez assez long-temps, et la pâte sera faite. L'odeur en est fort agréable.

Vous roulerez vos Savonnettes lors que votre pâte sera ferme, et tout ainsi que vous aurez fait sur ce pain de pâte vous ferez sur l'autre.

 

Savonnettes bien parfumées.

 

Vous prendrez trois paquets de Savonnettes communes de Bologne, vous les casserez au mortier, et les mettrez tremper avec de l'eau d'Ange et du lait Virginal, comme les prévédentes de Bologne. Et étant repilées et mises en pâte, vous les partagerez en deux pains égaux, puis vous ferez une composition comme il suit.

Vous broyerez demi gros de Civette dans le petit mortier avec deux onces de baume du Pérou que vous y mêlerez peu à peu. Vous y ajouterez deux gros d'essence d'Ambre, un bon filet d'essence de Cannelle, autant de celle de Girofle. Vous mêlerez bien le tout ensemble et le mettrez à part pour vous en servir comme vous verrez cy-après.

Vous mettrez dans le mortier un de vos pains de pâte rompus par morceaux, vous mettrez dessus deux poignées de poudre composée, sçavoir un tiers de poudre de Labdanum, un tiers de poudre fine à la Maréchalle, et un tiers de poudre de racine de Campanne. Vous y mettrez aussi la moitié de la susditte composition, et un demi septier d'eau de mille fleurs, et une demi once d'essence de Neroly, et vous mêlerez bien le tout ensemble. Et lors que vous aurez pilé assez long-temps pour bien incorporer le tout, la pâte sera faite. Vous en pourrez faire autant sur l'autre partie de pâte.

 

 

Autre manière.

 

Vous prendrez trois paquets de Savonnettes comme cy-devant que vous casserez au mortier et ferez détremper et remettrez en pâte comme les précédentes, et le tout partagé en deux pains égaux. Vous en mettrez un dans le mortier rompu par morceaux, vous y ajouterez une poignée de poudre de Labdanum, une poignée de marc d'eau d'Ange en poudre, une once de baume du Pérou, une demi once d'essence de Néroly, et un demi septier d'eau de mille fleurs. Vous mêlerez doucement le tout avec le pilon, et ensuite vous pilerez assez long-temps et cela sera fait. Vous en pourrez faire autant sur l'autre partie de pâte.

On sçaura que les personnes qui n'auront pas la commodité d'avoir des paquets de Savonnettes de la pâte de Bologne se pourront servir de Savon purgé, comme je l'enseigne au commencement de ce Traité, il sera fort bon pour faire toutes les Savonnettes que l'on voudra faire. On en pourra prendre quatre livres ou un peu plus si on veut à la place de chaque paquet, et au défaut des poudres qui sont comprises dans les compositions des Savonnettes dont j'ay parlé cy-devant, se pourront servir de marc d'eau d'Ange passé bien fin par le Tamis, et elles ne seront pas moins bonnes, et sur tout que toutes les poudres que l'on y mettre soient bien fines.


 

 

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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 10:51

 

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Pommade parfumée aux Fleurs.

 

Vous prendrez la quantité que vous voudrez de panne de Porc et vous la mettrez tremper dans l'eau tout en morceau comme elle est tirée du Porc, et la changerez d'eau de trois en trois heures pendant quatre jours. Mais vous aurez soin pendant les deux derniers jours de la paîtrir dans l'eau avec une cuillère à chaque fois que vous la voudrez changer d'eau.

Ensuite vous la retirerez de l'eau, et l'égouterez bien, et vous la mettrez fondre doucement sur le feu dans un pot de terre neuf vernissé, la remuant doucement, afin qu'elle ne grille pas. Et étant toute fondue vous verserez votre Pommade dans un bassin plein d'eau, remuant toujours l'eau et la Pommade ensemble avec une Spatule, sans discontinuer jusqu'à ce qu'elle soit tout-à-fait fait refroidie et congelée dans l'eau.

Pour lors vous verserez l'eau dehors et continuerez à battre et remuer votre Pommade qui peu à peu rendra toute l'eau qui y sera mêlée, et enfin jusqu'à ce qu'il n'y en reste plus. Puis vous laisserez reposer votre Pommade quelques heures et vous ferez ce qui suit.

Vous appareillerez des Plats d'étain ou autres deux à deux de pareille grandeur, ensuite vous étendrez votre Pommade dans chaque plat de l'épaisseur d'un doigt et dans l'un vous y sèmerez les fleurs dont vous voudrez donner l'odeur, en-sorte qu'il y en ait par tout également et le le couvrirez de son pareil. Ainsi les fleurs ne seront point pressées et donneront l'odeur à tous les deux.

Vous y laisserez les fleurs du matin au soir, ou si elles ne vous sont pas communes, vous les y laisserez vingt-quatre heurs, et vous les retirerez et relèverez votre Pommade et la mêlerez un peu, ensuite vous l'étendrez de nouveau et remettrez des fleurs fraîches comme la première fois.

Vous continuerez ainsi pendant quelques jours le soir et le matin, jusqu'à ce que vous la trouviez assez forte d'Odeur, et elle sera faite. Il la faudra serrer dans des pots de verre.

Il n'y a que la Pommade de Jasmin, fleurs d'Orange, et Tubéreuse, qui se puisse faire bonne et qui se puisse garder, les autres fleurs sont trop foibles pour y donner une odeur qui dure long-temps.

 

Avertissements.

 

Les Pommades en odeur de fleurs ne sont pas propres au visage, elles ne le sont qu'aux cheveux, elles ne sont plus en règne si fort qu'elles l'ont été, car on a trouvé plus de commodité aux huiles. Mais si les huiles sont commodes pour les Perruques, les Pommades sont nécessaires pour décrasser les Têtes des Femmes, et en même-temps pour nourrir les cheveux, ainsi elles sont toujours de service.

Il est nécessaire pour leur bien faire prendre l'odeur des fleurs de bien purger dans l'eau la panne dequoy elle est faite, c'est le principal.

 

 

Pommade pour rafraîchir le teint et ôter les rougeurs du visage.

 

Prenez une demi livre de panne de Porc mâle, et la mettez tremper dans l'eau pendant plusieurs jours, la changeant souvent d'eau comme il est expliqué à l'Article cy-devant.

Et lors que par ce moyen vous aurez bien fait blanchir cette panne, vous la mettrez dans un pot de terre neuf vernissé avec deux pommes de renette coupées par morceaux sans peler, et une once des quatre semences froides pilées. Vous mettrez le pot devant le feu, et ferez cuire la ditte Pommade l'espace d'un quart d'heure.

Ensuite vous la retirerez du feu et vous y mêlerez une once d'huile d'amande douce, puis vous la passerez par un linge bien serré, et laisserez tomber la coulature en eau claire.

Vous remuerez la Pommade et l'eau avec une spatule de bois, jusqu'à ce qu'elle soit prise et congelée dans l'eau, puis vous verserez l'eau et remuerez encore la pommade, pour en faire sortir toute l'eau qui en sera restée, et elle sera faite.

 

 

Autre Pommade pour le visage très-bonne.

 

Vous prendrez quatre onces de Panne de Porc mâle, que vous ferez blanchir en la faisant tremper plusieurs jours, et la changeant souvent d'eau comme j'ay dit cy-devant, et étant bien blanche, vous verserez l'eau et l'égouterez bien et la mettrez à part.

Vous mettrez ensuite pour un sol de cire vierge, et pour deux sols de nature de Baleine, et deux onces d'huile d'Amande douce fondre ensemble dans une terrine sur la cendre chaude, sans les faire bouillir, et pendant qu'ils fondront vous les remuerez avec une spatule de bois pour les bien incorporer ensemble, puis vous ferez fondre doucement la panne de Porc mâle que vous aurez préparée, et vous la verserez dans la susditte composition, vous les mêlerez ensemble avec la spatule, puis vous verserez le tout dans un grand vaisseau plein d'eau : vous remuerez la Pommade et l'eau avec la spatule, jusqu'à ce que la Pommade soit prise et congelée. Pour lors vous la changerez d'eau tant de fois en continuant à la battre avec la spatule qu'elle demeure bien blanche, et elle sera faite.

 

 

Autre Pommade très-fine pour le visage.

 

Vous prendrez deux onces d'huile d'Amande douce tirée sans feu, demi once de cire vierge, pour quatre sols de nature de Baleine. Vous mettrez fondre le tout ensemble dans un plat de terre neuf vernissé, sur un réchaut dans lequel il y aura seulement de la cendre chaude, et vous remuerez doucement la cire avec une spatule de bois, pour bien mêler et incorporer le tout ensemble.

Vous ôterez ensuite votre composition de dessus le feu et vous y verserez peu à peu de l'eau bien claire, en battant votre composition avec la spatule ; et vous continuerez ainsi jusqu'à ce que le plat soit plein et la Pommade prise et congelée dans l'eau, car il faut qu'elle nage à grande eau.

Et l'ayant ainsi battue dans cette première eau assez long-temps, vous la verserez et en remettrez de nouvelle en la battant toujours jusqu'à ce qu'elle demeure bien blanche : pour lors elle nagera sur l'eau. Vous la retirerez avec la spatule et la battrez sans eau jusqu'à ce qu'elle soit blanche en perfection.

Et lors que l'eau sera sortie de la Pommade, vous y mêlerez gros comme une petite noix de borax passé bien fin, et pour quinze sols de semence de perle fine en poudre bien fine aussi, et le tout étant bien mêlé, elle sear faite.

 

 

Pommade pour les lèvres.

 

Vous prendrez quatre onces de beurre frais, et du meilleur, et une once de cire vierge. Vous les mettrez fondre ensemble et étant fondus vous y jetterez les grains d'une grappe de raisin noir.

Vous ferez bouillir le tout un quart d'heure. Pendant ce temps vous écraserez les grains de raisin avec une cuilière, ensuite vous passerez votre Pommade par un linge assez fin, afin de retirer le raisin.

Vous remettrez votre Pommade sur le feu et vous y verserez deux cuilierées d'eau de fleurs d'Orange, et vous la ferez encore bouillir un bouilllon.

Puis vous écraserez dans une écuelle gros comme une fève d'Orcanet, que vous délayerez avec un peu d'eau de fleurs d'Orange et le verserez dans votre Pommade, et la mêlerez bien avec la cuilière, et la retirerez du feu, et elle sera faite.

Et lors qu'elle sera refroidie, vous la mettrez dans des pots ou boîtes.

Cette pommade se garde deux ans toujours bonne, et est très souveraine pour guérir les lèvres fendues et jarsées, et elle est d'une très-belle couleur.

 

 

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 21:14

 

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Avertissements.

 

Les Eaux d'Ange se font de plusieurs façons et sont presque toujours la même chose ; et du moment que l'on a en mémoire toutes les drogues qui y peuvent entrer, et que l'on sait à peu près la doze du fort et du foible, ainsi que les Articles l'enseignent, on la fait facilement aussi bonne que l'on veut en augmentant ou diminuant la dépense. Ce qu'il y a de particulier c'est, que la faisant dans le coquemart, elle se fait trouble et épaisse et la faisant distiller au Bain-marie, elle se fait claire comme eau de roche, cependant elle a la même odeur que l'autre.

L'Eau de la Reine d'Hongrie ne se peut faire si bonne qu'à Montpellier, parce qu'ils la font avec les fleurs de Romarin qu'ils ont en abondance ; mais cependant celle que nous faisons avec les feuilles  est fort bonne et a la même vertu.

A l'égard des Eaux de fleurs, il n' a que la fleur d'Orange et celle de Roze de laquelle on puisse faire de l'eau, et s'il s'en trouve d'autre sorte elle est artificielle. Plusieurs ont voulu faire de l'eau de Jasmin et n'y ont pas réussi, la raison en est aisée à trouver, c'est qu'il faut que ce soit une fleur qui ait du corps pour pouvoir produire de l'eau. Autrement il faut que ce soient des fleurs qui sortent d'un Arbre aromatiqué, comme le Romarin, ou le Mirthe, desquels on peut se servir des feuilles qui ont beaucoup de force pour aider à la fleur. Exemple, frottez dans votre main une fleur d'Orange ou une Roze, et la sentez, vous trouverez qu'elle sentira plus fort qu'auparavant, il en est tout au contraire d'une fleur de Jasmin, ou d'une Tubéreuse, car bien loin de communiquer son odeur, elle se réduira en fumier, et sentira mauvais, c'est ainsi que chaque chose porte sa qualité. Il est aisé de là à juger que, quoyque l'on vende de l'eau d'oeillet, on ne peut pourtant en tirer de l'eau, puisque cette fleur n'a pas la force d'en produire ; mais parce qu'il tire sur l'odeur du Girofle que l'on a adouci en en tirant de l'eau, c'est par ce moyen que l'on a de l'eau qui a l'odeur de l'oeillet.

 

 

Eau d'Ange bouillie.

 

Dans un coquemart de terre où vous aurez mis trois pintes d'eau, vous y mettrez une livre de Benjoin concassé, une demi livre de Storax concassé, une once de Canelle pilée, demi once de clou de Girofle pilé, deux Citrons coupés en quatre, deux ou trois morceaux de Calamus. Ensuite vous mettrez le coquemart auprès du feu, et le couvrirez et le ferez bouillir jusqu'à la diminution d'un quart, puis vous verserez l'eau dans un bassin et la laisserez refroidir avant que de la serrer dans des bouteilles.

Si vous avez besoin de plus grande quantité de cette eau, remplissez le coquemart comme la première fois, et la faites bouillir de même, cette seconde eau sera preque aussi bonne que la première fois et vous les pourrez mêler ensemble.

Ensuite vous retirerez le Marc qui sera au fond du coquemart avant que d'être refroidy et le mettrez sécher, vous en ferez ensuite des Pastilles comme vous verrez dans les articles suivants, ou vous vous en servirez dans les compositions où il est nécessaire, ainsi que je l'ay dit dans le traité des Savonnettes.

 

 

Autre manière.

 

Vous mettrez dans le Coquemart trois chopines d'eau de fleurs d'Orange et trois chopines d'eau de Roze, vous y mettrez ensuite les mêmes drogues et la même quantité qu'à l'eau d'Ange précédente, à la réserve du Citron qu'il ne faut pas ; vous y ajouterez de plus une vessie de Musc. Vous la ferez cuire de la même manière , et après avoir tiré l'eau vous tirerez le marc, et le mettrez à sécher pour en faire des Pastilles à brûler.

 

 

Eau de mille-fleurs.

 

Vous mettrez dans une bouteille de verre une pinte de bonne eau d'Ange, vous pilerez ensuite douze grains de Musc dans le petit mortier et le délayerez avec un peu de cette eau d'Ange, et verserez le tout dans la bouteille que vous boucherez bien et que vous réserverez pour le besoin.

Vous pourrez au lieu de Musc y mettre un gros de vessie de Musc coupée par petits morceaux et elle sera bonne.

 

 

Eau d'Ange distillée au bain-marie.

 

Il faut avoir un Alambic de verre, qui est de trop pièces : savoir la bombe, le chapiteau et le matras, il faut aussi un fourneau pour y faire du feu de charbon et un chaudron ou autre vaisseau semblable assez profond pour mettre l'eau et l'Alambic ; vous collerez du papier double au tour de la bombe, à l'endroit où pose le chapiteau, et vous poserez le matras au bout de la canule pour recevoir la distillation.

Vous mettrez dans la bombe une pinte d'eau, vous y mettrez ensuite quatre onces de Benjoin concassé, deux onces de Storax concassé, demi once de Canelle pilée, deux gros de clou de Girofle pilé, un morceau de Calamus, un gros de vessie de Musc, et l'eau qui se distillera sera très odoriférante et bien claire, et le marc qui restera après la distillation faite sera mis à l'air pour sécher, et on le pourra employer parmi les Pastilles à brûler.

 

 

Eau d'oeillet.

 

Vous mettrez dans l'Alambic de verre au bain-marie comme dessus une pinte d'eau et deux onces de clou de Girofle concassé : et l'eau qui se distillera sera d'une odeur bien agréable, parce que la force du clou de Girofle étant adoucie au moyen de l'eau, tire plus sur l'oeillet que sur le Girofle.

 

 

Eau de Canelle.

 

Vous mettrez dans l'Alambic de verre comme dessus une pinte d'eau et deux onces de Canelle concassée, et l'eau qui se distillera en aura l'odeur bien naturelle.

 

 

Eau de Thym.

 

Vous mettrez comme dessus une pinte d'eau dans l'Alambic de verre avec deux poignées de Tain, et l'eau qui se distillera en aura l'odeur.

Toutes les herbes Aromatiques se peuvent distiller de la même manière. Comme ce sont des herbes fortes qui gardent leurs odeurs aussi bien étant sèches que vertes, il est aisé par la manière cy-dessus écrite d'en tirer de l'eau.

 

 

Eau de fleurs d'Orange distillée au refrigeratoire.

 

Vous mettrez infuser deux livres de fleurs d'Orange dans deux pintes d'eau l'espace de trois heures, ensuite vous mettrez le tout dans l'Alambic et ferez grand feu dessous, et vous mettrez un matras ou bouteille à long goulot pour recevoir l'eau qui se distillera de la canule. Vous aurez soin de fournir l'eau fraîche dans le refrigeratoire, et aussi-tôt qu'elle sera chaude de la renouveller, car c'est la fraîcheur d'en-haut qui attire la distillation, et qui empêche que l'eau ne sente le feu. Et pour empêcher qu'elle ne sente le fruit, il faut que vos fleurs soient fraîchement cueillies et soient bien fraîches. Et lors que votre eau sera tirée vous vous en apercevrez à ce que la distillation finira, et qu'elle commencera à sentir le brûlé. Et pour en tirer l'essence voyez les Articles des Essences fortes.

Si vous voulez que votre eau soit plus forte d'odeur, il ne s'agit que de mettre si peu d'eau que vous voudrez, car moins vous en mettrez et plus elle sera forte, mais il faudra pour éviter que les fleurs ne s'attachent au fond, mettre du sable au fond de l'Alambic et faire moins de feu.

 

 

Autre Manière.

 

Vous mettrez infuser deux livres de fleurs d'Orange sèches dans deux pintes d'eau pendant trois ou quatre heures, ensuite vous mettrez le tout dans l'alambic et le ferez distiller comme il est expliqué au précédent Article. L'eau qui en provient est propre à bien des choses car elle est bonne pour employer dans les Savonnettes, dans l'eau d'Ange, à purger le Tabac, et à toutes sortes de Peaux et Gants.

 

 

Eau de Roze.

 

Vous ferez infuser trois livres de Rozes dans deux pintes d'eau pendant deux ou trois heures, ensuite vous les mettrez distiller dans l'Alambic tout comme les fleurs d'Oranges fraîches, et vous y observerez toutes les mêmes circonstances, car l'une se fait comme l'autre et on peut diminuer l'eau si on veut la faire plus forte. Mais comme l'eau de Roze s'employe dans la purgation du Tabac par quantité, aussi bien que l'eau de fleurs d'Orange, il est nécessaire d'en tirer suffisamment quand c'est pour cet usage. Lors que ce sera pour l'employer autrement, vous la ferez si forte que vous voudrez ainsi que je l'ay dit cy-devant.

 

 

Eau de la Reine d'Hongrie.

 

Vous mettrez dans une bouteille de verre fort, deux pintes d'esprit de vin, deux bonnes poignées de feuilles de Romarin, une poignée de Thym, une demi poignée de Marjolaine de laquelle vous ne prendrez que la feuille, et autant de Sauge que de Marjolaine, bouchez bien la bouteille, et la mettez au Soleil l'espace d'un mois. Ensuite vous délayerez gros comme une fève d'Orcanet avec un peu d'esprit de vin en l'écrasant et le verserez dans votre bouteille et la remettrez cinq ou six jours au Soleil, et elle sera faite. Elle sera d'un beau rouge et aura beaucoup de vertu et sera d'une bonne odeur.

 

 

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 13:14

 

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Retournons un moment à la Renaissance pour une nouvelle leçon de Simon Barbe, maître gantier-parfumeur.


 

Avertissements :

 

Toutes les Poudres blanches sont faites d'Amidon, qui sort du bled après que la farine en est tirée, et il n'y a pas plus d'apprêt à l'Amidon pour la Poudre de haut Prix, que pour celle de bas prix. Il ne s'agit que de le piler et le passer bien fin au Tamis : il est seulement nécessaire de s'y rendre sujet quand on le parfume aux fleurs, parce que de-là dépend la bonté de la Poudre, et particulièrement à celle de fleurs d'Orange et à celle de Roses communes, parce que si on est plus long-temps à la remuer qu'il n'est marqué dans son lieu, cette Poudre sera en danger d'estre gâtée, dautant qu'elle s'échauffera d'une manière qu'à peine on y pourra souffrir la main. Les fleurs seront réduites en fumier, et rendront l'Amidon tout moite et en plotte et sentira le pourry, ce que l'on évitera si l'on pratique ce que je marque dans les Articles ou j'en traite : cependant s'il arrivoit qu'elles fussent gâtées, il y faudroit remédier promptement de la manière qui suit. Il faudroit la remuer par tout défaisant avec les mains toutes les mottes qui se seroient faites, et sasser à l'instant toutes les fleurs et en remettre de fraîches, et les remuer de trois heures et elles se raccomodera. Il n'y a pas de danger aux autres fleurs parce qu'elles ne s'échauffent point, mais il faut toujours en avoir soin et n'y laisser les fleurs, que le temps qui est marqué dans leurs Articles. Il faut aussi savoir que toutes les fleurs ne sont pas capables de communiquer leur odeur à la poudre, et qu'il n'y a que les fleurs d'Orange, le Jasmin, les Rozes communes, les Rozes musquées et la Jonquille. Car toutes les autres fleurs ont l'odeur trop foible, et quoyque la Tubéreuse semble avoir l'odeur assez forte, néanmoins sa qualité ne permet point cela, et en un mot il est inutile de s'en servir pour les Poudres.

La Poudre de Chipre est faite de mousse de Chêne, la Poudre de Violette est faite de racine d'Iris, et celle de Franchipanne est faite moitié poudre de Chipre et moitié Amidon : il faut que ces sortes de Poudres soient faites l'Eté, autrement elles sont difficiles à faire à cause de l'humidité, et il les faut serrer dans un lieu sec. J'avertis que la mousse de Chêne de laquelle on fait la Poudre de Chipre, n'est pas celle qui croît aux pieds des Arbres , et qui est verte, et ressemble à de la frange, mais c'est celle qui croît sur les branches des vieux Chênes ; elle est blanche et faite en feuille.


 

Poudre de Roses communes.

 

Dans une caisse où il y aura vingt livres de poudre d'amidon, vous y mettrez une livre de feuilles de Roses, que vous mêlerez bien avec la main, en-sorte qu'il y en ait par tout, et de quatre en quatre heures vous ne manquerez pas de la bien remuer, afin que les fleurs ne s'échauffent point, et le lendemain à pareille heure que vous les aurez mises, vous les sasserez, et vous en remettrez d'autres en pareille quantité, et ainsi de même jusqu'à trois fois, pendant lequel temps vous laisserez la caisse ouverte depuis la première fois que vous y aurez mis les fleurs jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus, et la poudre sera faite.

 

 

Poudre de Roses musquées.

 

Comme l'on n'a pas les Rozes musquées en abondance comme les communes, il ne faut prendre du corps de poudre qu'à l'équivalent de ce qu'on a de fleurs, et faire en-sorte qu'il y en ait par tout, et laisser les fleurs dans laditte poudre vingt-quatre heures. Au bout du quel temps il faudra sasser les fleurs et en remettre de fraîches, et ainsi faire jusqu'à trois fois. Il n'est point nécessaire de remuer les fleurs, parce qu'elles ne s'échauffent point. La caisse doit demeurer fermée.

 

 

Poudre de fleur d'Oranges.

 

Dans une caisse où il y aura vingt-cinq livres de poudre d'amidon, vous y mêlerez une livre de fleurs d'Orange, vous ferez en-sorte qu'elles soient également mises par tout, et vous aurez soin de la remuer au moins deux fois le jour pour empêcher qu'elles ne s'échauffent, et au bout de vingt-quatre heures vous sasserez vos fleurs, et en remettrez de fraîches en même quantité et vous ferez ainsi pendant trois jours. Si l'odeur ne vous en paroît pas assez forte, vous en pourrez remettre encore une fois et elle sera faite. Il faut toujours tenir la caisse fermée, aussi-bien quand les fleurs y sont, comme lors qu'elles n'y sont plus.

 

 

Poudre de Jasmin.

 

Dans une caisse où il y aura vingt livres de poudre d'amidon, vous y mêlerez un millier de brins de Jasmin bien également, faisant un lit de poudre et un lit de fleurs, et vous laisserez ainsi vos fleurs l'espace de vingt-quatre heures sans les remuer, car le Jasmin ne s'échauffe pas. Ensuite vous sasserez vos fleurs, et en remettrez de fraîches en même quantité, vous continuerez ainsi l'espace de trois jours, et elle sera faite. Si vous souhaitez que l'odeur en soit plus forte, vous y remettrez des fleurs encore une fois.

 

 

Poudre de Jonquille.

 

Vous en userez pour la composition de cette poudre, comme à la poudre de Rozes musquées. Selon la quantité que vous aurez de fleurs vous prendrez de la poudre, en-sorte qu'il y ait des fleurs par toute la-ditte poudre, sans être pourtant trop confuses, et les ayant laissées vingt-quatre heures, sassez vos fleurs, et en remettez de fraîches, vous ferez ainsi l'espace de trois jours, et elle sera faite.

 

 

Poudre d'Ambrette.

 

Prenez cinq livres de poudre de Jasmin et cinq livres de poudre de Rozes musquées, et les mêlez ensemble. Ensuite emplissez ensemble un sas de cette poudre : versez dedans deux gros d'essence d'Ambre et la mêlez, puis sassez votre poudre, à la réserve des grumelots que l'essence aura formés. Remettez y les grumelots de la sus-dite poudre et continuez à sasser jusqu'à ce que vous ayez desséché et passé le tout. Puis mêlez bien le tout ensemble, et cela sera fait.

Quoique les Poudres Blanches soient parfumées aux fleurs, ce n'est pas encore assez, il faut faire un parfum comme cy-après, afin de les mettre dans leur perfection et pour lors il n'y manquera plus rien.

 

 

Parfum pour parfumer les autres poudres.

 

Prenez douze livres de poudre d'ambrette ou d'autre sorte si vous voulez, ensuite mettez dans le petit mortier un demi gros de Civette et gros comme une petite noix de sucre, et les pilez ensemble. Ajoutez-y de cette poudre et la passez au sas, et ce qui vous restera de grumelots, repilez les et les consommez et passés avec de la même poudre, et ayant tout passé vous consommerez de la même manière un gros de musc ; puis vous mêlerez bien le tout ensemble, et elle sera fait.

Vous pouvez mêler deux onces de cette poudre dans une livre de poudre de Jasmin ou de fleurs d'orange, cela fait un mélange d'odeurs fort agréable, et aide beaucoup à faire pousser les odeurs des fleurs.

 

 

Poudre purgée à l'Eau de vie.

 

Dans une caisse où il y aura dix livres d'amidon en poudre, vous y verserez une chopine d'Eau de vie et mêlerez bien le tout. Ensuite vous le laisserez sécher, et étant sec le pilerez et repasserez bien fin par le Tamis, et cela sera fait.

 

 

Poudre de Violette ou d'Iris.

 

Il n'y a point d'autre façon à faire que de piler l'Iris et le passer au Tamis, cette poudre est très bonne pour les cheveux, et elle sent naturellement la violette, et il n'y en a point d'autre de cette odeur, parce que la fleur n'a pas assez de force.

 

 

Poudre de mousse de Chesne, autrement dite de Chypre.

 

Il faut premièrement mettre tremper la mousse de Chesne dans beaucoup d'eau, l'espace de trois jours au moins, ensuite la retirer de l'eau et la bien exprimer, puis la laver encore par plusieurs fois jusqu'à ce que l'eau demeure nette, et pour lors vous la retirerez de l'eau et l'exprimerez bien et la mettrez sécher au Soleil, et vous aurez soin de la remuer de deux en deux heures, à mesure qu'elle sèchera, afin qu'elle ne s'échauffe pas, et étant bien sèche vous ferez ce qui suit.

Pour la mettre en poudre vous emplirez votre mortier de la-ditte mousse, et jetterez dessus un verre d'eau et la pilerez, elle ne manquera pas de se réduire en miettes, ce qui ne seroit pas si elle n'étoit humectée de la façon, et après l'avoir ainsi réduite, vous la remettrez sécher au Soleil, et étant bien sèche, vous la pilerez aisément au mortier et la passerez au Tamis tout le plus fin, et elle sera faite.

La dernière purgation que l'on fait à la poudre de Chipre, c'est de luy donner une fois ou deux les fleurs de Jasmin ou de Rozes musquées tout comme aux autres poudres. Elle ne prend pas pour cela l'odeur des fleurs comme l'amidon, mais cela la rend en état de prendre facilement les autres odeurs qu'on luy veut donner.

Comme on à Lyon la commodité des Trouilleurs, qui mettent toutes choses en poudre, les personnes de Lyon pourront par ce moyen la faire mettre en poudre sans en avoir la peine, pourvu qu'elle soit auparavant bien purgée et séchée ainsi que je viens de le dire.

 

 

Poudre de Frangipane.

 

Vous prendrez six livres de poudre de fleurs d'Orange et six livres de poudre de mousse de Chesne, que vous mêlerez ensemble, puis vous ferez chauffer le cul du petit mortier et le bout de son pilon assez chaud pour griller la salive ; vous y verserez une once d'essence d'Ambre et dans le même instant plein la main de la sus-dite poudre, que vous mêlerez bien avec le pilon, y ajoutant de la poudre jusqu'à ce que le mortier soit plein. En-suite vous renverserez votre mortier dans un sac, et vous remettrez encore de la même poudre par dessus, et la sasserez dans une caisse, afin que l'odeur ne s'évente pas, et ce qui restera de grumelots que l'essence aura formés, vous les remettrez dans le mortier, les pilant et mêlant comme auparavant en y ajoutant de la poudre, et enfin continuerez ainsi jusqu'à ce que le tout soit consommé et passé, puis vous ferez ce qui suit.

Vous mettrez dans le mortier un demi gros de Civette avec un morceau de sucre gros comme une noix, vous broyerez votre Civette avec le sucre, vous y ajouterez peu à peu de la poudre, en la mêlant avec le pilon. Ensuite vous la renverserez dans un sas et sasserez légèrement, puis vous remettrez dans le mortier les grumelots que la Civette aura formés, vous les repilerez y ajoûtant de la poudre comme auparavant, et continuerez ainsi jusqu'à ce que tout soit passé, puis vous mêlerez bien le tout ensemble et elle sera faite.

Cette poudre est d'une agréable odeur, la couleur en est d'un gris cendre, qui convient parfaitement bien à toutes couleurs de cheveux.

 

 

Autre manière.

 

Vous pouvez mêler de la poudre de Chipre avec de la poudre d'amidon en quantité égale, et leur donner les fleurs come à la poudre de fleurs d'Orange ou de Jasmin, et ensuite quand bon vous semble leur donner l'odeur de l'Ambre et de la Civette comme il est enseigné cy-dessus, et elle sera très-bonne.

 

 

Autre manière.

 

Ayant observé l'un des deux articles cy-dessus, si vous voulez la rendre musquée, il faut sur la même quantité de poudre, au lieu d'y mettre un demi gros de Civette, n'y en mettre que dix guit grains et y ajoûter un demi gros de Musc, et le broyer et consommer avec du sucre de la manière que l'on consomme la Civette, et l'odeur en sera très-bonne.

 

 

Manière de parfumer la poudre de Chypre comme à Montpellier.

 

Vous prendrez deux livres de poudre de mousse de Chesne toute pure, qui ait été purgée avec les fleurs, comme il est dit dans son article. Vous y consommerez dix-huit grains de Civette avec un peu de sucre, comme il est cy-devant enseigné. Ensuite vous y consommerez un demi gros de Musc de la même manière, ce qui étant fait, vous la mettrez sans une boîte bien close, elle sera d'une odeur admirable, il n'en faudra que très peu sur une perruque ou sur la tête pours sentir parfaitement bon.

 

 

Poudre fine à la Mareschalle propre à faire des pastes pour des Chaplets.

 

Vous prendrez deux livres de mousse de chesne, une livre de poudre d'amidon, une once de clou de Girofle en poudre, une once de Calamus en poudre, deux onces de Souchet en poudre, deux onces de bois vermoulu en poudre, mêlés bien le tout ensemble, et elle sera faite.

Il faut que ce soit du bois de chesne vermoulu, parce qu'il est rouge et qu'il donne une belle couleur à cette poudre.

 

 

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 10:16

 

 

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Avertissements.

 

Les Essences de fleurs, dont on se sert pour les Cheveux, ne sont point de véritables essences, ce sont des huiles aussi bien que les huiles communes qui servent au même effet, et si on les nomme essences, c'est parce qu'elles sont faites d'une huile qui prend parfaitement bien l'odeur des fleurs, et pour en faire la différence d'avec l'huile commune.

Les huiles communes sont l'huile d'amande douce et l'huile d'Olive que l'on parfume aux fleurs, et desquelles on se sert journellement pour les Perruques.

Mais l'huile que l'on nomme Essence est tirée du Ben qui est une noizette à trois quarrez, et dont l'Amande rend une huile si belle et si douce, qu'elle ne sent quoy que ce soit. De sorte que ne sentant rien d'elle-même, elle prend parfaitement bien l'odeur de la fleur qu'on luy donne, même de la plus délicate et plus foible odeur, et si naturellement qu'il n'y a pas de différence entre l'odeur de la fleur et celle de l'huile, lors qu'on prend soin de la bien travailler.

 

A l'Egard des Essences naturelles, elles sont de véritables Essences, puisqu'elles sortent de la fleur ou du fruit du nom qu'elles portent.

Les Essences naturelles sont, l'Essence de Néroly autrement dit, quintessence de fleurs d'Orange, l'Essence de Cédrat qu'on nomme de Berga-motte, l'Essence de Citron, et l'Essence d'Orange forte ou de petit grain. Celle de Néroly se tire sur l'Eau de fleurs d'Orange, et est produite par le fruit qui est dans la fleur, celle de Cédrat est produite par les zests que l'on tire de l'écorce du Citron de Berga-motte, celle de Citron est tirée du Citron distillé, et celle d'Orange des Oranges distillées.

 

Les fleurs qui nous peuvent servir dans ce climat à faire des Essences et des huiles pour les Cheveux ou Perruques, sont le Jasmin, la fleur d'Orange, la Tubéreuse, la Jonquille et les Roses musquées, dautant qu'elles sont les plus communes et les plus fortes en Odeurs, car toutes les autres ont l'odeur trop foible.

Chacun sçait que c'est la force du Soleil qui donne la force aux fleurs, c'est pourquoy nous ne pouvons pas employer jusqu'aux moindres fleurs comme dans les païs chauds.


 

Manière de faire les Essences de fleurs.

 

Les fleurs quoy que différentes n'apportent pas plus de difficulté les unes que les autres à faire les Essences, car lors que l'on en fait bien d'une fleur on en fait bien de toutes les autres. Voici une manière générale pour toutes les fleurs qui ont de l'odeur.

 

Il faut avoir une caisse de telle grandeur que l'on voudra, le dedans de laquelle sera garny de fer blanc, afin que le bois n'offense pas l'odeur des fleurs et ne boive pas l'Essence qui pourroit égoutter.

Il faut avoir des chassis, c'est-à-dire des cadres de bois qui puissent entrer sur leur plat aisément dans la caisse : le bois en sera de deux doigts d'épaisseur et tout autour du dit chassis il y aura des pointes d'aiguilles.

Il faut aussi avoir autant de toiles que de chassis, ces toiles seront à peu près comme une serviette et un peu plus grandes que les chassis, afin de les pouvoir piquer tout autour desdits chassis pour les tenir étendues dessus, ainsi il est aisé par cette explication de proportionner les toiles aux chassis et les chassis à la caisse.

Ces toiles doivent être de toile de coton, et qu'elles ayent été à une bonne lessive, et ensuite bien lavées dans de l'eau bien claire, et qu'elles soient bien sèches.

Vous tremperez vos toiles en huile de Ben, et leur laisserez boire toute l'huile qu'elles pourront boire. Vous les exprimerez un peu, afin que l'huile ne dégoutte pas, esnsuite vous les étendrez sur vos chassis par le moyen des aiguilles qui sont autour.

 

Vous mettrez le premier chassis au fond de la caisse et des fleurs de Jasmin, ou des fleurs d'Orange, ou enfin celle qui vous plaira, que vous sèmerez également dans le chassis sur la toile, et et remettrez un autre chassis par dessus, vous continuerez ainsi jusqu'à ce que vous ayez mis tous vos chassis, ou que votre caisse soit pleine.

Comme je vous marque que les chassis soient de l'épaisseur de deux doigts, il s'ensuit que les fleurs qui se trouvent entre deux chassis, ne sont point pressées ; et par ce moyen chaque toile a des fleurs dessus et dessous.

Vous laisserez vos fleurs dans les chassis pendant 12 heures. C'est-à-dire les ayant mises le matin vous les retirerez le soir et en remettrez de fraîches, et celles du soir vous les changerez le lendemain matin matin, vous continuerez ainsi pendant quelques jours, jusqu'à ce que l'odeur vous en paroisse assez forte.

 

Vous lèverez alors vos toiles de dessus les chassis, et vous les plierez en quatre, et puis les ayant roulées et liées de plusieurs tours avec une ficelle, afin qu'elles ne s'étendent pas trop, vous les mettrez dans la presse pour en tirer l'huile qui est l'essence en question.

Il faut que la presse de laquelle vous vous servirez soit garnie de fer blanc, afin que l'essence ne s'attache au bois.

Vous mettrez des vaisseaux bien propres sous la presse pour recevoir l'essence, que vous mettrez ensuite dans des phioles ou bouteilles de verre, et elle sera faite.

 

On remarquera qu'il ne se peut faire dans une caisse que l'essence d'une fleur à la fois, car l'odeur de l'une corromproit l'autre ; et les toiles qui auront servi à tirer l'odeur d'une fleur, ne pourront servir pour une autre, qu'elles n'ayent été à la lessive, et qu'elles n'ayent été bien lavées en l'eau claire et qu'elles soient bien sèches.

 

 

Essence de Mille-fleurs.

 

L'Essence de Mille-fleurs est composée d'une partie d'essence de toutes les fleurs, que l'on mêle ensemble, mettant un peu plus de celle qui a l'odeur foible, et un peu moins de celle qui a l'odeur plus forte ; et enfin faisant en-sorte de les assortir si bien, que l'on ne puisse connoître celle qui domine, et elle sera faite.

 

 

Huile d'Olive parfumée aux fleurs.

 

L'Huile d'Olive dont on se sert doit être de la meilleure et de la plus fine que l'on puisse trouver, et c'est celle que l'on appelle huile Vierge, elle ne sent presque rien d'elle-même, ainsi elle prend assez bien l'odeur des fleurs.

Il n'y a point d'autre façon pour luy donner l'odeur que de faire comme l'on a dit à l'Article des Essences.

 

 

Huile d'Amande douce parfumée, et pâte pour laver les mains.

 

Vous pèlerez en l'eau chaude telle quantité que vous voudrez d'Amandes douces, vous les mettrez essuyer à l'air, étant sèches vous les pilerez grossièrement, pour les pouvoir passer au crible.

Vous les mettrez dans une caisse qui sera garnie de fer blanc ou de papier, vous ferez un lit de votre poudre d'Amande épais d'un doigt, et par dessus un lit de fleurs de celles que vous voudrez, puis un autre lit d'Amande et par dessus un lit de fleurs, et vous continuerez ainsi jusqu'à ce que vous ayez employé vos fleurs et votre poudre d'Amande.

Vous y laisserez vos fleurs du matin au soir, ou si vous n'en avez pas en abondance, vous les y laisserez vingt-quatre heures, et les retirerez avec le crible, et en remettrez de fraîches, vous ferez ainsi jusqu'à ce que vous sentiez que vos Amandes ayent bien pris l'odeur.

Ensuite vous aurez des toiles fortes, grandes d'un quartier en quarré, qui ayent été à la lessive, et qu'elles soient bien sèches. Vous mettrez vos Amandes dedans et vous en ferez ainsi des paquets, vous en mettrez deux ensemble plis contre plis, dans la presse pour en tirer l'huile, qui ne manqueront pas d'avoir l'odeur que vous luy aurez donnée, et outre cela les pains d'Amande que vous aurez auront aussi l'odeur des fleurs.Cela est fort bon pour laver les mains, il faut seulement les piler au mortier et les passer dans un sas, et s'en frotter les mains avec de l'eau tiède, on peut y mêler si l'on veut un peu de poudre d'Iris, c'est cette pâte qu'on appelle la pâte de Provence, ou pâte de Jasmin ou de fleurs d'Orange.

 

Il faut observer que tant pour les Essences que pour les Huiles, les toiles ou la pâte doivent demeurer dans la presse du moins trois heures pour rendre leurs huiles.

 

 

Essence de Néroly.

 

L'Essence de Néroly se trouve sur l'eau de fleurs d'Orange, parce qu'elle sort du fruit qui est dans la fleur, et qu'il ne se tire de cette Essence que par petite quantité, ainsi il faut faire beaucoup d'eau pour en avoir une once.

Voicy comment on la recueille, lors que votre eau de fleurs d'Orange se distille, il la faut recevoir dans une bouteille ou matras, qui ait la panse grosse et le goulot fort long et étroit, et lors que la bouteille est pleine d'eau, il la faut laisser reposer et la boucher. Et comme l'essence est la plus légère, elle ne manque pas de monter au dessus de l'eau, et ainsi étant à l'extrémité du goulot de la bouteille, il est aisé de la verser dans une autre. Elle paroit verte dans le commencement, mais lors qu'elle a été un peu gardée, elle est rouge.

Comme il ne se peut en retirant l'essence que l'on n'y mêle de l'eau, il faut pour les séparer mettre l'essence avec l'eau qui s'y trouve mêlée dans une moyenne phiole de verre, et boucher le goulot avec le pouce et la renverser de haut en bas, et comme l'essence est légère, elle remonte en haut, et pour lors vous lâchez un peu le pouce pour laisser sortir l'eau doucement, et l'eau étant sortie vous serrez le pouce pour retenir l'essence qui reste seule.

 

 

Essence de Cédrat ou Bergamote.

 

L'Essence de Cédrat se tire d'un Citron produit par une branche de Citronnier, qui est entrée dans le tronc d'un Poirier de Berga-motte, ainsi le Citron qui en provient tient des deux qualités, et pour en tirer l'essence on coupe de petits morceaux d'écorce de ces Citrons, que l'on presse avec les doigts dans une bouteille ou bombe de verre, où l'on peut seulement entrer la main pour presser le zest comme l'on fait de celuy d'Orange dans une tassée de vin, ainsi par la quantité l'on a de l'essence.

 

 

Essence d'Orange forte, ou de Petit-grain.

 

Vous mettrez une quantité telle que vous voudrez de petites Oranges qui ne soient pas trop mûres dans l'Alambic au refrigératoire avec de l'eau, et vous recevrez la distillation dans un matras ou bouteille de verre à long goulot, et étant reposé, l'essence se trouvera dessus. Il la faudra retirer de dessus l'eau, et la serrer dans des phioles de verre et les bien boucher.

 

 

Essence de Citron.

 

L'Essence de Citron se fait de la même manière que l'essence d'Orange forte ; il faudra seulement couper les Citrons par la moitié, et les mettre dans l'Alambic au refrigeratoire avec de l'eau, et recevoir la distillation comme il est dit cy-devant, et retirer l'essence de même.

Je ne prescris pas la quantité de Citrons ny d'Oranges, il est aisé à juger qu'il faut qu'il y ait de l'eau suffisamment pour les faire bouillir, sans brûler, il faut aussi qu'il y ait du fruit suffisamment pour produire de l'essence.

 

 

 


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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 18:55

 

 

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Le Sieur Simon Barbe était gantier-parfumeur à Paris, sans doute le plus fameux de son siècle. Il y tenait une boutique rue des Gravilliers : A la toison d'Or(1)

Il écrivit deux manuels de parfumerie, y consignant ses connaissances et son savoir-faire.


Le premier, que je vous expose ici, a été écrit en 1693 à l'intention des non professionnels dans l'idée d'enseigner à tous la manière de composer les parfums, en particulier pour "le divertissement de la Noblesse, l'utilité des personnes Religieuses & nécessaire aux Baigneurs et Perruquiers."

Il contient les traités des poudres pour les cheveux et celui des savonnettes, suivis des essences et huiles parfumées aux fleurs, des pommades, des dentifrices, des eaux de toilette, des pastilles à brûler, des peaux et gants parfumés et du tabac.


Il écrivit en 1699 son second traité, "Le Parfumeur Royal", destiné cette fois-ci aux gens du métier. Il présente cet ouvrage comme utile à "celles qui recueillent des fleurs et nécessaire aux gantiers, perruquiers et marchands de liqueurs".

Ce traité fera l'objet d'une autre série d'articles.

 

Je présenterai dans les billets suivants les différentes parties de ce petit livre.


 

Au lecteur.

 

L'origine des Parfums n'est pas moins ancienne que la création du monde. Toute la terre formoit alors un jardin délicieux qui exhaloit des odeurs très-suaves.

L'art qui ne détruit jamais la nature, mais qui la perfectionne, a ramassé dans la suite des temps ce que cette bonne Mère avoit en différents endroits pour faire des compositions qui joignissent par un agréable mélange ce qu'elle avoit parsemé diversement.

Les règles qu'on a dressées après différentes observations n'ont servy qu'à donner à l'Art son dernier lustre, et l'expérience qui en a été le fondement l'a rendu presque infaillible et en a assuré des moyens d'autant plus faciles, qu'ils sont plus pratiquables.

 

C'est à la faveur de ses règles que j'ay apprises sous les plus habiles Maîtres et que j'ay mises en usage pendant un trés-long-temps, que j'ay recueilly les secrets dont je fais aujourd'huy un présent au public.

J'avoue que le dessein de luy être utile a prévalu à plusieurs considérations qui auroient pû me les faire céler ainsi que font Messieurs les Parfumeurs, et je les abandonne d'autant plus volontiers, qu'outre que je contribueray à la gloire de Dieu par les Parfums que les personnes religieuses composeront pour leurs Eglises, et aux occupations qu'elle se donneront par des Chapelets et Médailles de senteurs, j'auray aussi la satisfaction de contribuer au plaisir de plusieurs personnes de qualité qui pourront se délivrer du mauvais air qu'on trouvesouvent malgré soy.

 

Mon intention n'est pas d'écrire pour ceux qui excellent en l'art dont je traite, je suis assez persuadé que chaque Maître a ses règles particulières et que par diverses méthodes ils vont tous à une même fin. J'avoue encore un coup que ce n'est pas pour eux que j'ay fait les Traitez contenus dans mon livre. Après un tel aveu je les prie de ne pas murmurer contre ma conduite et de n'estre point fachés de l'avantage que je procure au public.

 

J'aye eu en vue Messieurs les Baigneurs et Perruquiers des villes de Province où il ne se trouve point de Parfumeurs, qui ne doivent pas, por cela s'excuser d'estre propres dans ce qu'ils entreprennent, et qui en suivant exactement ce que j'écris dans les premiers Traitez, se pourront forunir de toutes fortes de poudres et essences pour les Cheveux, d'excellentes Savonnettes, de lait Virginal, et de toutes autres choses à leur usage.

 

Les personnes de condition et celles qui ont un honnête loisir rempliront leur temps et se désennuyeront en campagne, lors qu'ils employeront l'abondance des fleurs à en faire des parfums à juste prix.

Le beau sexe même à qui la propreté est si naturelle, trouvera icy dequoy contenter son inclination, et il y a même des secrets qui en les exécutant et les distribuant, les pourront maintenir dans la qualité que l'Eglise leur donne de sexe dévot.

 

On pourra m'objecter : si j'ay quelque difficulté, qui pourra  me la résoudre ? Je vous répondray que l'on n'a qu'à lire mes Avertissements. Je ne les ay pas voulu insérer dans la matière, afin qu'on y peust avoir recours, et que cela n'embarassât pas ceux qui voudront pratiquer mes compositions.

 

Le plus grand des Monarques qui ait jamais été sur le Trône s'est pleu à voir souvent le Sieur Martial composer dans son cabinet les odeurs qu'il portoit sur sa Sacrée Personne.

Monsieur le Prince de Condé dont la mémoire sera toujours en vénération à la France faisoit parfumer devant luy par le Sieur Charles le Tabac et plusieurs choses de cette nature dont il se servoit.

Le nom de Poudre à la Maréchalle n'a été donné que parce que Madame  la Maréchalle d'Aumont se divertissoit à la faire.

 

C'est ainsi qu'à l'imitation de ces illustres personnes l'on pourra s'occuper à mettre en pratique ce que j'ay enfermé dans mes différents Traitez, avec assurance certaine que je leur donne de réussir s'ils les pratiquent fidellement, puisqu'il n'y a pas un secret que je n'ae plusieurs fois expérimenté avec beaucoup de réussite.

Heureux si je puis mériter l'approbation des honnêtes gens.


 

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  Toutes les Marchandises ou Drogues cy-dessus nommées* se trouvent chez les Espiciers, parce que ce sont presque toutes Marchandises Etrangères.

Les paquets de Savonettes communes de Bologne dont on peut avoir besoin se vendent à Lyon chez le Sieur Orlandy au milieu de la rue Longue au Soleil Levant, et à Paris chez le Sieur Girault au cu de sac derrière St. Germain de l'Auxerrois.


 

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 * Concernant les ingrédients particuliers inusités de nos jours, je prépare un article qui donnera toutes les explications utiles.

 

(1) "Corporations ouvrières de Paris du douzième au dix-huitième siècle", par Alfred Franklin, 1884

 


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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 20:48

 

 

 

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Parmi les recettes présentées dans le Petit Albert, j'ai fait une sélection des recettes les plus intéressantes, en évitant par exemple celles utilisant comme ingrédient le pigeon ... Par contre, j'ai choisi de vous donner  l'exquise recette de l' "Eau de mille fleurs", juste pour le plaisir de la lire ...  

 

Eau de mille fleurs.

Au printemps, on tire par la distillation une eau de la fiente ou bouze de vache. On l'appelle eau de mille fleurs.

Elle passe pour être résolutive, adoucissante et apéritive. Elle sert, lorsqu'on s'en frotte extérieurement, à nettoyer, rafraîchir et adoucir la peau.

Quelques personnes délicates seront sans doute dégoûtées de ce remède. Qu'elles sachent cependant que plusieurs d'entr'elles se sont servies de remèdes beaucoup plus sales, pour conserver la fraîcheur de leur teint.

 

Bain aromatique.

Faites bouillir dans suffisante quantité d'eau de Rivière une ou plusieurs des plantes suivantes ; telles que le Laurier, le Thym, le Romarin, le Serpolet, l'Origan, la Marjolaine, la Lavande, l'Aurone, l'Absynthe, la Sauge, le Pouliot, le Basilic, le Baume, la Menthe sauvage, l'Hyssope, les Roses, les Oeillets, la Giroflée, la Mélisse, l'Anis, le Fenouil, et plusieurs autres herbes qui ont une odeur agréable. Quand on aura passé les plantes, on ajoutera à l'eau un peu d'eau-de-vie camphrée. Ce bain est excellent pour fortifier les membres, dissiper les douleurs qui proviennent d'une cause froide, augmenter la transpiration, et faire exhaler au corps une odeur agréable.

 

Bain de beauté.

Prenez deux livres d'Orge mondé, une livre de Riz, trois livres de Lupin pulvérisés, huit livres de Son, dix poignées de Bourrache et de Violier ; faites bouillir dans une suffisante quantité d'eau de fontaine. Il n'y a rien qui nettoie et adoucisse la peau comme ce bain.

 

Pour empêcher les cheveux de tomber.

Mettez en poudre de la graine de persil, poudrez vous-en la tête pendant trois jours différents, vous recommencerez chaque année, et vos cheveux ne tomberont jamais.

 

Pour faire croître les cheveux.

Prenez les sommités de chanvre lorsqu'il commence à sortir de la terre, faites les tremper pendant vingt-quatre heures dans de l'eau de laquelle vous mouillerez les dents du peigne. Il est certain que le remède fait beaucoup croître les cheveux.

 

Corbeille de senteur.

Vous mettrez un lit de coton parfumé, extrêmement mince et uni, sur un morceau de taffetas étendu sur le métier ; vous sèmerez sur ce lit de la poudre de Violette très-fine, par dessus laquelle vous jetterez de celle de Chypre ; ensuite vous couvrirez le tout d'un autre taffetas ; il ne vous restera plus pour finir que de piquer votre ouvrage, et de le couper de la grandeur de votre corbeille, cont vous borderez les coupures d'un ruban de telle couleur qu'il vous plaira.

 

Cosmétiques naturels.

L'eau qui sort du tronc du Bouleau, après l'avoir percé dans le Printemps avec une tarrière, est détersive et propre à embellir le teint ; on attribue la même vertu au suc dépuré de cet arbre et à son eau distillée.

Quelques personnes recommandent l'eau de Fraises ; d'autres la décoction d'Orpin, ou de reprise, d'autres enfin l'eau de fray des Grenouilles.

 

Contre les Cors aux pieds.

Faites cuire une gousse d'Ail dans la braise ou cendre chaude, et appliquez-la ainsi cuite sur les cors des pieds, ayant soin de l'y assujettiravec un linge. On ne doit employer cecosmétique qu'au moment où l'on se met au lit. Il amollit tellement le cors, qu'il détache et enlève en deux ou trois jours le calus ou durillon, quelque invétéré qu'il soit ; ensuite on se lave le pied dans de l'eau tiède : en peu de temps les peaux qui formaient la corne du cors s'enlèvent et laissent la plaie nette, à peu près comme si elle n'avait jamais été offensée d'aucun mal. Il est bon de renouveler ce remède deux ou trois fois dans les vingt-quatre heures.

 

Pour nettoyer les Dents et les Gencives, et faire croître la chair.

Prenez une once de Myrrhe bien pilée, deux cuillerées de Miel blanc du meilleur, et un peu de Sauge verte bien pulvérisée, et vous en frottez les dents soir et matin.

 

Moyen facile pour se garantir toujours des maux de Dents et des fluxions.

Tous les matins, après s'être lavé la bouche, comme la propreté et même la santé l'exigent, il faut se la rincer avec une cuillerée à café de bonne eau-de-vie de Lavande distillée, à laquelle, si on veut, l'on ajoutera une once d'eau chaude ou d'eau froide, pour en diminuer l'activité. Ce remède innocent et simple est un préservatif très-sûr, et dont une longue expérience a toujours confirmé le succès.

 

Eau impériale.

Prenez cinq livres de bonne eau-de-vie, faites-y dissoudre une once d'Encens, de Mastic, de Benjoin et de gomme Arabique ; ajoutez-y une demi-once de Girogle et de Muscade, une once et demie de Pignons et d'amandes douces, trois grains de Musc ; le tout bien pilé, faites distiller au bain-marie, et réservez-la pour l'usage.

Cette Eau ôte les rides du visage et rend la peau très-belle en s'en lavant. Elle blanchit aussi les dents et en ôte la douleur, empêche la mauvaise odeur de la bouche, et raffermit les gencives. Les dames en font beaucoup de cas.

 

Eau connue sous le nom de Bouquet de Printemps.

Prenez trois quarterons de Jacinthe, prenez une demi-livre de Violette sans vert, une demi-livre de petite Giroflée jaune, sans vert, une demi-livre de Jonquille sans vert ; deux onces d'Iris pilée, une once de Macis pilé, quatre de quintessence d'Orange de Portugal. Mettez le tout vers la fin de mars dans un vaisseau avec huit pintes de bon esprit de vin : pilez vos Jacinthes, vos Violettes, votre Iris et votre Macis, et vers la fin d'Avril vous mettez vos Jonquilles au fort de la saison de cette fleur, c'est-à-dire dans le temps qu'elle en donnera plein. Peu de jours après vous mêlerez la petite Giroflée jaune, les pétales seulement ; vous prendrez ensuite le Muguet, vous l'éplucherez et le mettrez dans votre infusion, en mettant bien le tout ensemble ; huit jours après avoir mis cette dernière fleur, vous mettrez l'infusion dans l'Alambic, vous le couvrirez de son chapiteau, vous adapterez le Récipient, qui sera dans un bain froid ; après les avoir luttés exactement l'un et l'autre, vous en ferez la distillation au bain-marie à petit feu ; vous aurez six pintes de bon esprit, appelé le Bouquet du Printemps.

 

Eau de Venise pour blanchir le visage basanné.

Vous prendrez une pinte de lait de Vache noire, ou au mois de Mai une pinte d'eau de la Vigne quand elle pleure, huit Citrons et quatre Oranges hachées menues par tranches, deux onces de sucre cabdi, une demi-once de borax bien pulvérisé, quatre oignons de Narcisse bien pilés, et vous mettrez tout cela distiller et rectifier au bain-marie, vous en conserverez l'eau dans une bouteille bien bouchée.

 

Eau distillée propre à faire une belle carnation.

Prenez deux pintes de Vinaigre, trois onces de colle de poisson, deux onces de Noix muscade, six onces de Miel commun et faites distiller à feu lent ; ajoutez dans la liqueur distillée un peu de Santal rouge, afin de lui donner un peu de couleur. Avant de s'en servir il faut avoir le soin de se laver avec de l'eau distillée, de sorte que le teint reste vermeil, et annonce la meilleure santé.

 

Eau pour empêcher les tâches de rousseur et les signes qui viennent sur le visage.

Prenez égales parties de racines de Concombre sauvage et de Narcisse, faites sécher à l'ombre, réduisez en poudre très fine, que vous mettez dans de la bonne Eau-de-vie ; il faut s'en laver le visage, juqu'à ce qu'il commence à démanger ; alors on se lavera avec de l'eau fraîche. Il faut recommencer tous les jours jusqu'à parfaite guérison, qui ne tardera pas, parce que cette Eau est légèrement caustique, et doit par conséquent enlever toutes les taches du visage.

 

Eau de fraîcheur.

Prenez trois pieds de Veau bien hâchés, trois Melons d'une moyenne grosseur, trois concombres, quatre oeufs frais, une tranche de citrouille, deux Citrons, une chopine de petit lait, un demi-septier d'Eau de Rose, une pinte d'Eau de Nénuphar, une chopine d'Eau de Plantain et d'Argentine, une demi-once de Borax, faites distiller le tout ensemble au bain-marie.

 

Eau pour blanchir le visage.

Prenez égales parties de racines de Couleuvrée et d'Oignons de Narcisse, une chopine de lait de Vache et une mie de pain blanc ; distillez le tout dans un Alambic de verre. Pour vous servir de l'Eau qui en résultera, mêlez-la par moitié avec celle de la Reine de Hongrie.

 

Eau simple balsamique qui ôte les rides.

Prenez la seconde Eau d'Orge, passez à travers un linge fin, et ajoutez-y quelques gouttes de Baume de la Mecque ; agitez la bouteille pendant dix à douze heures sans discontinuer, jusqu'à ce que le baume soit complètement incorporé avec l'Eau, ce dont on s'parecevra lorsqu'elle restera un peu troublée et un peu blanche. Cette Eau est merveilleuse pour embellir le visage et pour le conserver dans sa jeunesse et sa fraîcheur. Si on en use seulement une fois par jour elle ôte les rides et donne ) la peau un éclat surprenant. On doit avoir soin avant de se servir de cette Eau de se laver la peau avec de l'eau de pluie.

 

Eau de Madame de la Vrillière pour les dents.

Prenez Canelle, deux onces, Girofles, six gros, Cresson d'eau, six onces, Ecorces récentes de Citron, une once et demie, Roses rouges, une once, Cochlearia, une demi-livre, Esprit de vin, trois livres. On casse ce qui est à concasser, on coupe grossièrement le Cresson et le Cochléaria, on fait macérer le tout dans l'esprit de vin pendant vingt-quatre heures dans un vaisseau fermé. On distille ensuite au bain-marie, jusqu'à siccité, après quoi on rectifie cette liqueur au bain-marie.

Cette eau fortifie les gencives, prévient le Scorbut, guérit les Aphtes qui viennent dans la bouche. On s'en sert pour se laver la bouche. On l'emploie ou seule, ou mêlée avec l'Eau.

 

Recette excellente pour déhâler le teint.

On peut le soir en se couchant écraser queques fraises sur son visage, les laisser sécher pendant la nuit, et le lendemain matin se laver avec de l'eau de Cerfeuil. Alors la peau devient fraîche, belle et luisante.

 

Huile parfumée aux Fleurs pour les cheveux.

L'huile d'Olive, celles d'Amandes douces et de Noisette sont les seules dont on se sert pour parfumer les cheveux aux fleurs.

Pilez des Amandes à l'eau chaude ; lorsqu'elles seront sèches, réduisez les en poudre, passez-les par un gros sas, et faites un lit de poudres d'Amandes et un lit de fleurs dans une caisse ; après avoir continué de cette manière pour vous servir de ce que vous en voulez parfumer, et après avoir laissé les fleurs du matin au soir, vous passerez vos mêmes fleurs, alors vous les renouvellerez, en remettrez de fraîches et répéterez cette même opération pendant huit jours. Quand vos Amandes auront bien pris l'odeur de la fleur que vous aurez choisie, vous les mettrez dans des toiles neuves, et ferez des paquets pliés deux à deux, plis contre plis et exactement pressés, pour tirer l'huile qui sera parfumée de l'odeur de la fleur.

 

Lustre admirable pour la peau.

Il faut prendre parties égales de suc de Limon et de blancs d'oeufs, bien battre le tout ensemble, dans un pot de terre vernissé que vous mettrez sur un feu doux : remuez toujours avec une spatule de bois, jusqu'à ce que le tout ait pris une consistance à peu près comme celle du beurre ; réservez pour l'usage, et avant de vous en servir vous pourrez y ajouter l'essence odoriférante que vous aimerez le mieux. Il sera utile encore, avant de s'en oindre le visage, de se nettoyer avec une eau de Riz, c'est un des meilleurs moyens pour se rendre la face belle, brillante et polie.

 

Pommade pour les lèvres.

Vous placerez sur un réchaud de feu, dans une terrine, une demi-livre d'excellent beurre frais, et deux onces de cire vierge blanche, vous y jetterez des grains d'une grappe de raisins noirs fort mûrs, et quelques bâtons d'Orcanet ; lorsque les premières drogues seront fondues, vous écraserez doucement les graines de raisin, et ferez bouillir cette composition l'espace d'un quart d'heure ; vous passerez ensuite le tout dans un linge bien serré, vous verserez dans votre Pommade que vous remettrez près du feu une cuillerée d'Eau de fleurs d'Oranges, et l'ayant fait bouillir pendant quelque temps, vous l'ôterez du feu et la mêlerez insensiblement jusqu'à ce qu'elle soit refroidie ; alors étant bien renfermée, elle se conservera dans sa pureté autant qu'il vous plaira, et sera parfaite pour les gerçures.

 

Pommade contre les rides du visage.

Prenez suc d'Oignons de Lys blancs et Miel de Narbonne, de chacun deux onces. Cire blanche fondue, une once ; incorporez le tout ensemble, et faites-en une Pommade. Il faut en mettrre tous les soirs, et ne s'essuyer que le matin avec un linge.

 

Pommade à la Sultane.

Cette Pommade se fait avec le baume de la Mecque, le blanc de Baleine, l'huile d'Amandes douces. Elle entretient le teint frais, et est utile pour la Couperose.

 

Rouge qui imite le naturel.

Prenez chopine de bonne Eau-de-vie, et y mettez une demi-once de Benjoin, une once de Santal rouge, une demi-once de bois de Brésil et autant d'Alun de roche. Bouchez exactement la bouteille, et la remuez bien une fois par jour ; et au bout de douze jours vous pourrez vous servir de la liqueur. Lorsqu'on s'en est frotté légèrement les joues, il est fort difficile de s'apercevoir si la personne a mis du rouge, ou si ce sont ses couleurs naturelles.

 

Savonnettes du Sérail.

Prenez une livre d'Iris, quatre onces de Benjoin, deux onces de Storax, autant de Santal-Citrin, une demi-once de cloux de Girofle, un gros de Canelle, un peu d'écorce de Citron, une once de bois de Sainte-Lucie et une noix muscade. Pulvérisez bien le tout, ensuite prenez environ deux livres de savon blanc râpé, que vous mettrez tremper pendant quatre à cinq jours dans trois chopines d'Eau-de-vie avec la poudre ci-dessus : pétrissez le tout avec environ une livre de fleurs d'Oranges ; faites une pâte de ce savon avec une suffisante quantité d'Amidon, et vous formez la Savonnette de la grosseur que vous voudrez, en y joignant des blancs d'oeufs et de la gomme Adragante, dissoute dans quelque Eau de Senteur. Il faut incorporer dans la pâte quelques grains de Musc ou de Civette, un peu d'huile essentielle de Lavande , de Bergamotte, de Roses, d'Oeillet, de Jasmin, de Canelle ; en un mot, celle dont l'odeur flattera le plus.

 

Secret pour enlever les rides, révélé par un Persan à une Grecque de soixante-douze ans, qui n'en parut plus que vingt-cinq.

Faites rougir une pelle ; jetez dessus de la poudre de myrthe ; recevez-en la fumée sur votre visage, en vous couvrant la tête d'une serviette, pour rassembler la fumée et l'empêcher de se dissiper. Réitérez par trois fois ce procédé : ensuite faites de nouveau chauffer la pelle ; lorsque'elle sera bien chaude, vous l'arroserez de vin blanc, dont vous aurez le soin d'emplir auparavant votre bouche. Vous en recevrez ainsi la vapeur sur votre visage, et vous réitérerez de même trois fois, continuant ce procédé matin et soir, aussi longtamps que vous le désirerez. Celui qui a communiqué ce secret en promet des merveilles.

 

Autre pour conserver la fraîcheur de la peau du visage.

Il faut, le soir en se couchant, appliquer sur le visage quelques tranches de rouelle de veau. Rien n'empêche mieux les rides, n'entretient la peau souple et ne conserve le teint frais, comme ce simple topique.

 

Eau pour blanchir la peau.

Prenez égales parties de racines de couleuvrée ou de vigne blanche, et d'oignons de Narcisse, une chopine de lait de vache, une mie de pain blanc. Distillez dans un alambic de verre. Pour vous servir de l'eau qui en résultera, il faut la mêler avec autant d'eau de la reine de Hongrie : alors elle blanchit fort bien le teint.

L'eau de fenouil distillée, et celle de lis blanc, avec quelque peu de mastic, produisent le même effet. Si vous voulez avoit ces eaux un peu odoriférantes, il faut mettre quelques grains de musc au bec de l'alambic.

 

Eau distillée propre à faire une belle carnation.

Si quelques dames ont une vilaine carnation, elles peuvent se servir de la recette suivante :

Prenez deux pintes de vinaigre, trois onces de colle de poisson, deux onces de noix muscades, six onces de miel commun, et faites distiller à feu lent. Ajoutez dans la liqueur distillée un peu de santal rouge, afin de donner un peu de couleur. Avant de s'en servir, il faut avoir le soin de se laver avec une eau de savon. On n'essuie point son visage après s'être lavé avec de l'eau distillée ; de sorte que le teint reste vermeil, et annonce la meilleure santé.

Ce secret vient d'une dame qui ne manquait jamais de s'en servir, soit après avoir passé la nuit au jeu, soit après s'être fatiguée au bal, ou dans des petits soupers qui ne finissent qu'au lever de l'aurore.

 

Et si vous souhaitez poursuivre votre lecture de ce grimoire, vous le trouverez en ligne ici.

 

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 18:53

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Le Petit Albert était un grimoire "de magie". Il aurait été écrit à partir du XIVe siècle, et a été imprimé pour la première fois en 1651. Les recettes qu'il contient ont été recueillies au cours des siècles, auprès de nombreux auteurs qui seraient entre autres Albert le Grand et Paracelse, la plupart étant anonymes. Ce grimoire était colporté de ville en village et connut un grand succès.


Dans cet ouvrage écrit en 1782, on peut lire l' "ALBERTI PARVI LUII, Libelllus de mirabilibus naturae Arcanis, Et d'autres écrivains philosophes ou érudits" traduit du latin, auquel ont été ajoutés "des choses récréatives, des renseignements souventes fois utiles et receptes faciles, ainsi que secrets touchant la beauté des Femmes".

  

Les formules et remèdes magiques, parfois un peu effrayants d'ailleurs,  ne nous intéressent pas ici, et c'est évidemment les recettes de beauté que je vais vous présenter.

 

Pour faire croistre les cheveux.

Prenez trois cuillerées de miel, et trois poignées de petits filets de vignes, par lesquels les seps de vignes s'attachent et se tiennent aux échalas. Pilez les bien, et en tirez le jus, que meslerez avec le miel ; puis en lavez les endroits où vous voudrez avoir les cheveux longs et épais.

 

Eau rare à faire les mains et la face très-belle.

Prenez feuilles de lis blanc et les distillez en vaisseau de verre ou de plomb à petit feu, puis prenez santal blanc et le laverez très-bien, mettez-le tremper en ladite eau, l'y laissez tant qu'il soit bien enflé ; après pour chacune once de l'eau susdite, mettez demie once ou trois quarts de mastic bien lavé et séché, puis toutes choses meslées ensemble, la mettrez distiller par le bain, en appliquant à la bouche de l'alambic un peu de musc si la voulez avoir de bonnes senteur, puis vous aurez une eau très-noble, connue de peu de personnes jusques à présent.

 

Pour faire une autre eau qui embellit le visage.

Prenez glaire d'oeufs, et en faites eau distillée par l'alambic, d'icelle lavez en la face tant que vous voudrez.

 

Pour faire les dents blanches.

Prenez des limons et faites eau distillée, d'icelle lavez vos dents, car elle est très-parfaite, ou si vous n'en faites eau, prenez le jus, car il est bon, mais l'eau meilleure, d'autant qu'elle est plus agréable, pourvu qu'elle ne perde sa force à distiller.

 

Pour le mesme.

Ayez tartre et la mettez dedans un vaisseau de marbre, et l'estoupez diligement, puis l'enterrez, et le laissez demeurer là jusqu'à tant qu'il soit venu en eau, puis le tirer dehors, et en frotter les dents, et elles deviendront belles, prenez aussi l'eau qui tombe au commencement de la distillation du sel de nitre et alun, et en frottez les dents, si vous prenez aussi une racine de mauves, et qu'avec icelle vous les frottiez tous les jours, elles deviendront luisantes et belles, sans gaster la gencive.

Si vous prenez aussi une crouste de pain de froment et la faire brusler tant qu'elle soit comme un charbon, puis l'ayant mise en poudre, et en escurez vos dents, et les lavez après d'eau fraische, soit de puits ou de fontaine, elles deviendront blanches, car c'est chose expérimentée.

 

Pour faire savon qui embellit les mains.

Ayez une livre de savon Vénitien, deux onces de sucre rouge, demy once de gomme draganti, mettez-les en infusion en eau, puis les y laissez un jour ou plus, comme il vous plaira, puis prenez du savon gratté, mettez toutes ces choses en un petit chauderon, et les mêlez très-bien d'un baston tant qu'il devienne comme colle, lavez-vous en après les mains, et vous en verrez un bel effet.

 

 

Pour faire une eau qui fait la face blanche et luisante.

Si vous prenez lait d'asnesse et escorces d'oeufs, et en faites eau distillée, et vous lavez le visage, puis il sera blanc, beau et luisant.

 

Eau très-bonne pour faire sembler le visage de vingt ou vingt-cinq ans.

Ayez deux pieds de veau* et les mettez cuire en dix-huit livres d'eau de rivière, tant qu'elle soit moitié consommée, puis y adjoustez une livre de riz, et le laissez cuire avec de la mie de pain blanc de chapitre détrempée avec du lait, deux livres de beurre frais, et la glaire de dix oeufs frais, avec les escailles et peaux, mettez toutes ces choses à distiller, et en l'eau que vous en distillerez mettez-y un peu de camphre, et d'alun succarin, et aurez une chose noble par excellence.

 

Eau pour embellir la face, et toutes autres parties.

Prenez borax blanc deux onces, alun de roche une once, camphre deux dragmes, alun de plume, alun escaillé de chacun une once pulvérisé, chacun à part soy, puis l'incorporez tous ensemble, et puis les mettez en quelque grand vaisseau plein d'eau de fontaine, lequel vous couvrirez, et serrerez très-bien d'un linge, et le mettrez au feu par l'espace de deux heures, puis après l'en avoir retiré, et qu'il sera refroidy, mettez-le en un autre vaisseau, prenez la glaire de deux oeufs pondus du jour mesme, et la battez bien avec un un peu de verjus ; puis la mettez au vaisseau avec l'eau, et laissez-le par l'espace de vingt jours au soleil, et aurez une chose parfaite.

 

Pour faire un très-beau lustre pour les dames.

Ayez un grand limon, et faites un pertuis par dessus, par lequel vous osterez du dedans la grosseur d'une noix, puis le remplissez de sucre candi avec quatre ou six feuilles d'or, et le recouvrez de la pièce que vous en aurez ostée, la recousant d'une éguille, de sorte qu'elle soit bien attachée puis mettez ledit limon cuire sur la braize la cousture dessus, et à mesure qu'il commencera à bouillir, tournez-le souventes fois, tant que vous le verrez suer quelques temps, puis l'en retirez quand vous voudrez en user, mettez un doigt au trou qui estoit recousu, et vous en frottez la face avec quelque linge bien délié, ce sera chose exquise.

 

Pour ôter les taches du visage.

Prenez farine de Lupins, fiel de chèvre frais, jus de Limon, Alun succarin, incorporez bien tout ensemble en forme d'oignement puis vous en oignez au soir le lieu où sont lesdites taches, et guérirez incontinent, c'est chose bien expérimentée.

 

Eau admirable et très-facile à faire pour embellir le visage, mais il faut se servir de la saison.

Il faut cueillir de l'orge quand il est encore en lait, que le grain n'est pas formé dedans ny espaissy, et de ces grains avec du lait d'ânesse, après estre broyés dans un mortier, faire le tout distiller au bain-marie, et se laver de cette eau le visage, secret éprouvé et fort innocent, mais cette eau ne se peut faire qu'une fois l'année.

 

Autre secret pour le visage admirable et éprouvé.

Prenez demy douzaine de citrons et les hachez en pièces, les infusez dans une pinte de lait de vache, et avec une once de sucre blanc, et autant d'alun de roche, et distillez le tout au bain-marie, et le soir frottez vous en le visage.

 

Autre secret expérimenté.

Prenez deux livres et demy de pain blanc, des roses blanches, des fleurs de lis de Nénuphar, et fèves de chacune une poignée, demy douzaine d'oeufs, le blanc seulement, et une livre de lait de chèvre, le tout distillé à l'alambic de verre.

 

Vin pour la face.

Vin pour la face, qui est l'ornement des femmes, se fait ainsi ; prenez brésil et alun sucarin, broyez les et les mettez en vin rouge, et faites bouillir jusques à ce que les six parties du vin reviennent à une, et quand il sera froid, la femme mouille dedans une pièce de coton, et s'en lave où il luy plaira.

 

Autre secret fort excellent et fort aisé.

L'Eau du jus de limons distillée à l'alambic de verre au bain-marie est singulière pour embellir le visage.

 

Autre secret fort aisé.

L'eau distillée de pommes de pin toutes vertes oste les rides du visage en le rajeunissant.

 

Autre secret  éprouvé pour faire beau le visage.

Il faut couper un melon en pièces, et avec une poignée de racines de pied de veau*, et demie livre de jus de limons, et une livre de lait de chèvre, mettez tout dans un alambic de verre, et le faites distiller au bain-marie, l'eau en est excellente et merveilleuse.

 

 

Image 6

 

 

Pour faire la véritable eau de la reine de Hongrie.

Vous mettrez dans un alambic une livre et demie de fleurs de romarin bien fraîches, une demi-livre de fleurs de pouliot, une demi-livre de fleurs de marjolaine, une demi-livre de fleurs de lavande, et dessus tout cela trois pintes de bonne eau-de-vie ; ayant bien bouché l'alambic, pour empêcher l'évaporation, vous le mettrez durant vingt-quatre heures en digestion dans le fumier de cheval bien chaud, puis vous le mettrez distiller au bain-marie.

L'usage de cette eau est d'en prendre une ou deux fois la semaine, le matin à jeun, environ la quantité d'un dragme, avec quelque autre liqueur ou boisson, de s'en laver le visage et tous les membres où l'on se sent quelque douleur ou débilité. Ce remède renouvelle les forces, rend l'esprit net, dissipe les fulinosités, conforte la vue, et la conserve jusqu'à la vieillesse décrépite, fait paraître jeune la personne qui en use, est admirable pour l'estomac et la poitrine, en s'en frottant par dessus ; ce remède ne veut point être échauffé, soit que l'on s'en serve par potion ou par frictions. Cette recette est la véritable qui fut donnée à Isabelle, reine de Hongrie.

 

Composition d'une savonnette pour le visage et pour les mains, qui rend agréable la personne qui s'en sert.

Prenez une livre d'iris de Florence, quatre onces de storax, deux onces de santal citrin, une demi-once de clous de girofle, autant de canelle fine, une noix muscade et douze pains d'ambre gris ; que tout cela soit réduit en poudre, passé au tamis ; l'ambre gris se met séparément ; puis prenez deux livres de bon savon blanc, qu'il faut râper et mettre dans trois chopines d'eau-de-vie, pour tremper quatre ou cinq jours, puis la pétrissez avec de l'eau de fleurs d'oranger, et vous en ferez une pâte avec de l'amidon fin passé au tamis ; et c'est pour lors que vous pourrez mélanger votre ambre gris dissous avec un peu de gomme adragante, liquéfiée dans de l'eau de senteur, et de cette pâte vous formerez des savonnettes, que vous sècherez à l'ombre et les fermerez dans des boîtes avec du coton.

 

Pour faire de la bonne eau d'ange qui embaume par son agréable odeur.

Ayez un grand alambic, dans lequel vous mettrez les drogues suivantes : benjoin quatre onces, clous de girofle deux dragmes, deux ou trois morceaux d'iris de Florence, la moitié d'une écorce de citron, deux noix muscades, canelle une demi-once, deux pintes de bonne eau de rose, une chopine d'eau de fleurs d'oranger, une chopine d'eau de méliot ; vous mettrez le tout dans un alambic bien scellé et distillé au bain-marie, et cette distillation est une eau d'ange exquise.

 

Pour faire la meilleure eau d'Ange.

Prenez un pot et demy d'eau rose, demy pinte ou un peu plus d'eau de fleurs d'oranges, vingt-cinq grains de musc, autant d'ambre, et autant d'aloès, quinze grains de civette, quatre onces de benjoin, une once de storax ; le tout bien pulvérisé sera mis dans un pot de cuivre bien bouché avec un couvercle de mesme, et force linges à l'entour, et le mettrez bouillir dans un chaudron d'eau l'espace de trois heures ; si vous y remettez la mesme quantité d'eau rose, et la moitié d'eau de fleurs d'oranges avec cinq ou six grains de civette, vous pourrez après de ce reste former pastilles ou en faire cassolettes.

 

Pour faire un Pomos, comme ceux qui se font en Espagne.

Vous prendrez demy livre de paste préparée, qui est le benjoin abreuvé d'eau de roses odoriférantes, et exposez au Soleil durant six semaines, remuez deux fois par jour avec une spatule de bois, et nouvelle eau de rose ajoutée à mesure qu'elle se sèche. Broyez la bien y mettant quatre grands clous de girofle entiers, un peu de canelle bien pulvérisée, une once de storax aussi concassé avec le reste, demy once de la peau jaune des citrons coupées bien menu, demy once d'ambre gris, un quart d'once de civette, une once de poudre de parfum d'Italie, une once de poudre de roses, un gros musc ; meslez bien le tout ensemble, et faites bouillir cela dans de la simple eau de roses ; jusqu'à ce que le tout soit bien incorporé.

Cette proportion servira pour huit pomos ; en s'en servant, il faut tousjours tenir le pomos couvert d'eau de roses.

 

Pour faire promptement, et à peu de frais, un excellent Pomos qui sent fort bon.

Graissez vostre pot de cassolette avec un peu de civette, autant que vous en pouvez prendre sur la pointe d'un cousteau, et versez la dessus une bonne quantité d'eau de fleurs d'oranges, on y met ordinairement de l'eau de senteur de cardona, qui est distillée de toute sorte de fleurs odoriférantes. Mettez pardessus cela un peu de poudre de bucaros, alors allumez la lampe, ne manquez pas de l'entretenir tousjours d'eau fraîche de senteur, tant que vous y mettez soit consumé.

 

Parfum pour brûler.

Faut prendre demy livre de boutons de roses de Damas, dont vous aurez osté le blanc, du benjoin en poudre trois onces, musc demy quart d'once, autant d'ambre gris, et autant de civettes. Mettez le tout en poudre dans un mortier, et estant bien mélé, mettez une once de sucre : puis en formez des tablettes, que ferez sécher au Soleil ou à petit feu.

 

* Il s'agit de l'arum, dont on utilisait les feuilles, la tige et les racines.

 

 

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