Au XVIIIeme siècle sous le règne de Louis XVI, deux élégantes exercent une influence majeure sur l'Europe entière : la reine Marie-Antoinette et sa marchande de modes Rose Bertin.
Cette période est riche par le nombre et la variété des robes créées.
La mode avait en ce siècle une influence forte sur les Français, et elle reflétait aussi bien la richesse et la classe sociale que les attitudes sociales et politiques ainsi que les arts.
La Cour, après le règne de Louis XV, garde le goût des toilettes luxueuses, et Marie-Antoinette, malgré la simplicité de son éducation à Vienne, adopte cette tendance. Et entre 1776 et 1778, le luxe à la Cour de France lors des grandes cérémonies frisait l'insolence : d'immenses robes à paniers étaient couvertes de falbalas, de pierreries et de perles, et même les souliers étaient brodés de diamants.
Elles sont volumineuses par leur panier, rendant difficile le passage dans les couloirs étroits.
Vers 1780, on revient à la simplicité, et Marie-Antoinette donne l'exemple, en portant des robes légères de percale ou de taffetas. Et avec le goût du retour à la nature prôné par Jean-Jacques Rousseau, les falbalas, garnitures et broderies sont moins répandus, de même que les robes à panier volumineux, qui sont remplacés par les tournures consistant en deux canevas matelassés de crin.
En 1783, un changement radical s'opère : "Jamais les femmes ne se sont mises avec autant de simplicité. Plus de robes riches, plus de garnitures, plus de manchettes à trois rangs. Plus de folles coiffures. Un chapeau de paille avec un ruban, un mouchoir sur le col, un tablier à la maison"(1). Les couleurs claires sont en vogue, notamment dans les toiles de Jouy à fond blanc.
En 1786, le mouvement vers la simplicité s'accentue. "Il n'est plus guère d'usage aujourd'hui pour les femmes de porter des robes de grande parure. On ne porte plus de ces grands paniers, ni de ces robes traînant d'une aune à terre"(2). Les robes ne sont plus ornées de garnitures, de falbalas ou de bouillons.
Cette même année, la mode anglaise va inspirer les élégantes en France, imitant les hommes. Ainsi, elles vont porter la redingote masculine et la cravate.
Vers 1788, les jupes ont un rang de volants et on porte une large ceinture ornée d'une grosse boucle sur le devant. C'est aussi la mode des écharpes de taffetas ou de cachemire passées sous le bras, croisées dans le dos et ramenées par-devant en nouant les extrémités.
Et dans les dernières années du règne de Louis XVI, les femmes portent le caraco étroit et la robe à l'anglaise.
Les talons des chaussures sous Louis XVI sont moins hauts, et ils sont le plus souvent gainés de cuir blanc. Les coquettes fortunées ne portent plus que des souliers de soie, de couleur mordorée ou gorge-de-pigeon.
Les principaux types de robes sont la robe à la française, la robe à la polonaise, la robe à la lévite et la robe à l'anglaise.
Le corsage était généralement décolleté. Il s'agrafait par-devant, et l'agrafe était masquée par un noeud de ruban.
Le corps à baleines ou corset était muni d'aiguillettes qui maintenaient le second jupon.
Le corsage de dessous, avec ou sans manche, ressemblant à un gilet, était toujours apparent par-devant.
La robe à la française :
Elle dérive de la robe battante existant sous Louis XV, sorte de robe de chambre du Baroque. C'est une robe à paniers, en vogue sous Louis XV. Sous Louis XVI, deux paniers s'étalaient à la hauteur des hanches. La jupe était ornée d'un volant de dentelles, de rubans et de bouillons de gaze. Elle pouvait présenter des plis Watteau.
La robe à la polonaise :
Cette robe fut très en vogue entre 1776 et 1787. C'est une variante de la robe à la française.
Les manches étaient "en sabot", s'évasant légèrement et garnies d'un brassard d'où pendaient souvent des manchettes de dentelles ou de gaze bouillonée, et ce brassard se serrait à intervalles réguliers avec des rubans ou des rangs de perles. Le corsage, très ouvert, tenait à la double jupe, le devant et le dos étant d'une pièce jusqu'en bas de la robe.
La jupe possédait trois volants (les ailes et la queue), qu'on pouvait retrousser à volonté, par un jeu de rubans intérieurs. Elle pouvait donc être courte, laissant entrevoir les chevilles, ou rester flottante.
La robe à la circassienne est une variante de la robe à la polonaise. Elle possède trois pans qui peuvent être également retroussés. C'est la forme et la disposition des manches qui caractérisent cette robe : très courtes et en entonnoir, descendant jusqu'aux poignets, ou encore s'arrêtant à la saignée du bras, elles sont ornées de manchettes.
Les caracos et chemises :
A la polonaise ou à la française, les caracos sont des robes coupées sous les hanches, s'agrafant par-devant. Les manches sont en sabot.
A partir de 1781, Marie-Antoinette avait coutume de porter la gaulle, ou chemise de la reine, qui est en fait une robe d'intérieur, de gaze ou de soie. Cette robe tombait droit, et était très décolletée.
La robe à la lévite :
C'est une robe à la lévite longue, traînante et tenue par une ceinture. La lévite est une redingote masculine. La robe redingote est le plus souvent ouverte par-devant, elle peut aussi être fermée et boutonnée du haut en bas par de gros boutons en métal.
La robe à l'anglaise :
C'était une robe à la taille très ajustée et à la queue trainante. Le corsage est le plus souvent fermé par des lacets ou des compères, deux pièces taillées en gilet, et il se termine en pointe.
La vogue de ce type de robe annonce l'évolution vers la robe d'une seule pièce, de même que la disparition des paniers, qui seront remplacés par la tournure.
Peu à peu, les robes reviennent donc à des formes plus naturelles.
Les robes sont ajustées et légères.
Marie-Antoinette achète ses accessoires (dentelles, rubans, plumes, bonnets et chapeaux), ses vêtements et ses coiffures auprès la marchande de modes Rose Bertin, qui continue à fournir une clientèle parisienne.
Les tissus offrent des bouquets de couleurs, en faveur des tons pastels, des verts d'eau et des lilas, des roses pâles, ornés de multiples motifs floraux. Ce sont de lourds brocards, de riches taffetas, des soies de Lyon, des imprimés de Jouy, ou plus simplement du coton léger.
Elle porte des robes légères de percale ou de taffetas, et se chausse de souliers de soie dotés de petits talons.
L'éventail fait partie de ses accessoires favoris, qu'lle porte souvent en public, comme toutes les élégantes de l'époque.
En 1781, la Comtesse d'Ossun (Geneviève de Gramon) devient sa dame d'atours, elle même ayant sous ses ordres une première dame des atours, chargée de l'entretien des vêtements de la Reine, deux femmes pour les repasser et les plier, ainsi que deux valets de garde-robe et un garçon de garde-robe.
"Les archives de l'Empire possèdent un curieux volume qui porte sur un de ses plats de parchemin vert : A madame la comtesse d'Ossun. Garde-robe de la Reine, gazette pour l'année 1782. Ce sont, collés à des pains à cacheter rouges sur le papier blanc, les échantillons de robes portés par la Reine de 1782 à 1784. C'est comme une palette de tons clairs, jeunes et gais, dont la clarté, la jeunesse, la gaîté ressortent davantage encore, quand on les compare aux nuances feuille-morte et carmélite, aux couleurs presque jansénistes des toilettes de Mme Elisabeth, que nous montre un autre registre. Reliques coquettes, et comme parlantes à l'oeil, où un peintre trouverait de quoi reconstruire la toilette de la Reine à tel jour, presque à telle heure de sa vie ! Il n'aurait qu'à parcourir les divisions du livre : Robes sur le grand panier, robes sur le petit panier, robes turques, lévites, robes anglaises, et grands habits de taffetas ; grandes provinces du royaume que se partageaient Mme Bertin, garnissant les grands habits de Pâques, Mme Lenormand, garnissant de broderies de jasmins d'Espagne les robes turques couleur boue de Paris, et la Levêque, et la Romand, et la Barbier, et la Pompée, travaillant et chiffonnant, dans le bleu, le blanc, le rose, le gris perle semé parfois de lentilles d'or, les habits de Versailles et les habits de Marly qu'on apportait chaque matin à la Reine dans de grands taffetas." (3)
On peut d'ailleurs se procurer cette gazette sur Amazon ou encore par exemple sur le site Boutiquesdemusées.
(1) "Le tableau de Paris", 1783
(2) "Cabinet des modes"(1785-1789)
(3) "Histoire de Marie-Antoinette", d'Edmond et Jules Goncourt, 1858
Autres sources :
"L'histoire du costume", collectif, éditions Flammarion, 1996
"Histoire du costume en Occident", par François Boucher, éditions Flammarion, 1965, édition mise à jour en 2008