Oui, si j'étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
A toute la terre
Faire les yeux doux.
Je voudrais n'avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris,
Et de pied en cap être la poupée
La mieux équipée
De Rome à Paris.
Je voudrais garder pour toute science
Cette insouciance
Qui vous va si bien ;
Joindre, comme vous, à l'étourderie
Cette rêverie
Qui ne pense à rien.
Je voudrais pour moi qu'il fût toujours fête,
Et tourner la tête,
Aux plus orgueilleux ;
Être en même temps de glace et de flamme,
La haine dans l'âme,
L'amour dans les yeux.
Je détesterais, avant toute chose,
Ces vieux teints de rose
Qui font peur à voir.
Je rayonnerais, sous ma tresse brune,
Comme un clair de lune
En capuchon noir.
Car c'est si charmant et c'est si commode,
Ce masque à la mode,
Cet air de langueur !
Ah ! que la pâleur est d'un bel usage !
Jamais le visage
N'est trop loin du coeur.
Je voudrais encore avoir vos caprices,
Vos soupirs novices,
Vos regards savants.
Je voudrais enfin, tant mon coeur vous aime,
Être en tout vous-même...
Pour deux ou trois ans.
Il est un seul point, je vous le confesse,
Où votre sagesse
Me semble en défaut.
Vous n'osez pas être assez inhumaine.
Votre orgueil vous gêne ;
Pourtant il en faut.
Je ne voudrais pas, à la contredanse,
Sans quelque prudence
Livrer mon bras nu ;
Puis, au cotillon, laisser ma main blanche
Traîner sur la manche
Du premier venu.
Si mon fin corset, si souple et si juste,
D'un bras trop robuste
Se sentait serré,
J'aurais, je l'avoue, une peur mortelle
Qu'un bout de dentelle
N'en fût déchiré.
Chacun, en valsant, vient sur votre épaule
Réciter son rôle
D'amoureux transi ;
Ma beauté, du moins, sinon ma pensée,
Serait offensée
D'être aimée ainsi.
Je ne voudrais pas, si j'étais Julie,
N'être que jolie
Avec ma beauté.
Jusqu'au bout des doigts je serais duchesse.
Comme ma richesse,
J'aurais ma fierté.
Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes,
La plupart des hommes
Sont très inconstants.
Sur deux amoureux pleins d'un zèle extrême,
La moitié vous aime
Pour passer le temps.
Quand on est coquette, il faut être sage.
L'oiseau de passage
Qui vole à plein coeur
Ne dort pas en l'air comme une hirondelle,
Et peut, d'un coup d'aile,
Briser une fleur.
Alfred de Musset ((1810-1857)
Image : Gravure ancienne dessinée par J. Hayter, gravée par W. H. Mote - 1850 - Portrait de la Vicomtesse Barrington
Juliette m'a taguée et m'a posé 11 questions auxquelles je réponds ce soir.
1 - Parlons produits de beauté, le maquillage est il indispensable pour toi ?
Oui, je me maquille à peu près tous les jours, pour me donner une image qui me plait, même si on ne voit pas forcément que je suis maquillée.
2 - Quel est le produit que tu utilises le plus ?
La crème pour le visage et le baume pour les lèvres sont les produits de beauté dont je ne ppourrais me passer. Elles sont essentielles pour le confort de ma peau.
3 - Et celui dont tu ne te sers presque pas ?
Je dirais la crème pour le corps ! Je n'y pense pas ou ne prends pas le temps ...
4 - As tu des marques préférées ?
J'aime essayer régulièrement de nouvelles marques, et je ne suis pas particulièrement fidèle à l'une ou à l'autre. Ces temps-ci c'est Bourjois, côté maquillage, qui est la plus présente dans ma salle de bains.
5 - Et au contraire y a-t-il une marque que tu ne recommandes pas ?
Non, pas spécialement, je dirais que chacun doit trouver les produits adaptés à sa peau. Dans l'idéal, j'évite au maximum les marques testant leurs produits sur les animaux ou contenant des produits toxiques.
6 - De quoi préfères tu parler sur ton blog ?
La beauté et la féminité, et leur histoire ... mais ce n'est pas un scoop !
7 - Quels sont les blogs (beauté et autres) que tu suis le plus ?
Il sont trop nombreux pour que je les cite, et ma blogroll n'en est un pâle reflet.
8 - Et quels sont les autres sites que tu visites quotidiennement ?
Le site des programmes télé !
9 - Quel est ton film/livre culte, celui qui te fait toujours du bien ?
Le seul livre que j'ai relu est Jane Eyre de Charlotte Brontë, et un de ceux qui m'a plu le plus est la série Hypérion de Dan Simmons.
Les musiques et peintures que j'aime me font du bien.
10 - La gourmandise qui te fait craquer ?
Les framboises ! Et en version délicieusement calorique : le framboisier.
11 - Quel serait ton instant de détente idéal ?
Une bonne petite sieste avec mon chat qui ronronne à côté ...
Maintenant c'est à vous !
Je tague toutes les lectrices (et lecteurs) de ce billet avec les questions de Juliette.
N'oubliez pas de me mettre un lien dans un commentaire vers votre blog, ou répondez directement dans le commentaire. Et si vous ne souhaitez pas répondre à une des questions, remplacez-la par celle que vous voulez.
A bientôt
Mélanie
Image Niji Graphein sur Flickr
Pour terminer cette série sur le Maquillage des années trente, je vous offre aujourd'hui les conseils de notre spécialiste Sylvie en 1937, à propos de la beauté en ce jour si spécial qu'est le mariage.
Grand jour. Les plus belles robes sont prêtes.
Qu'il s'agisse de celle de la mariée, des demoiselles d'honneur, des mamans, ou de toutes les élégantes du cortège, nul doute qu'elles ne favorisent votre charme et votre beauté. Encore vous faut-il les mettre en valeur par le maquillage qui convient.
Maquillage de la mariée
Pour la mariée, nimbée de tulle et vêtue de blanc, les fards sont permis, dans la mesure où ils rehaussent un visage que le blanc blêmit.
L'essentiel est d'avoir un teint frais, de faire montre d'un naturel exquis.
La mariée doit briller par la luminosité de son teint : rien n'est plus disgracieux qu'un épiderme terne ou grisâtre dans la toilette blanche du grand jour.
Ne vous laissez pas aller à l'énervement qui tire les traits et congestionne l'épiderme ; dormez de longues nuits.
Quelques jours avant la cérémonie, allez à l'Institut de Beauté pour une désincrustation, un lessivage ou un de ces masques de beauté qui nettoient en affinant le grain de la peau.
Si vous habitez une localité dépourvue d'Institut de Beauté, vous pouvez faire vous-même l'application d'un de ces masques vendus avec leur mode d'emploi. Un seul écueil : choisissez-le bien approprié à la qualité de votre épiderme.
Avez-vous un teint hâlé ? Gardez-le tel, mais ne le poussez pas, contentez-vous d'en soutenir les reflets.
Si au contraire votre carnation est pâle, donnez-lui un ton ambré ou rosé, suivant votre type.
Seules les jeunes mariées ayant tendance à être congestionnées chercheront à diminuer leurs couleurs trop vives.
Dans le premier cas : crème foncée, poudre ocre ; dans le second, crème ambrée ou blonde, poudre rosée ou chair ; dans le troisième, crème blanche, poudre naturelle.
Etendez bien la crème pour obtenir un maquillage sec : appliquez la poudre en couches légères pour éviter les plaques.
Débarrassez-vous de la hantise d'un nez brillant, en utilisant la crème mate spéciale.
La question du rouge aux joues marque un point particulier.
Si vos pommettes sont légèrement rosées, ou si la tonalité chaude de votre peau vous en dispense, oubliez-le.
Pour les autres, son application doit se limiter à quelques touches légères : une sorte de reflet intérieur soulignant les yeux.
Choisissez un rose qui fasse naturel.
Lorsque vous n'avez pas l'habitude de manier le rouge-crème, préférez le rouge-poudre, d'emploi plus facile. Toutefois, le rouge-crème étalé et dissous dans l'épiderme fait plus naturel et plus frais. Inutile de vous rappeler que vous appliquez ce dernier après la crème et avant la poudre.
Pas de mastic aux cils, à moins que ces derniers ne soient réellement trop pâles.
Lissez-les ainsi que les sourcils avec une petite brosse enduite d'huile de ricin.
Sur les paupières, une légère couche de crème anti-rides ou grasse.
A ce conseil d'ordre général, une exception peut être faite en faveur de celles qui, fiancées et jeunes filles, ont coutume de se maquiller.
N'y dérogez pas, vous seriez méconnaissables. S'en abstenir totalement au jour de leur mariage risque de vous rendre fade, alors que vous devez briller de tout votre éclat.
Faites comme chaque jour, mais avec un maximum de discrétion.
En ce cas, un peu de mastic neutre aux cils est permis et sur les paupières la transparence bleutée ou mauve d'un fard pastel. Un fard gris-bleu (prunelles pâles) ou brun (prunelles foncées) avec mastic assorti sont aussi indiqués.
Voici ce qu'il faut éviter de manière générale : les fonds de teint épais et soutenus, les crèmes bruns, les poudres ocres, les fards vifs.
Pour une cérémonie en grande pompe, avec lamé, broderies pailletées et dentelles, une infime touche d'argent aux yeux. Mais attention ! Ne vous permettez cette délicate fantaisie que si le type, l'ensemble de la toilette et aussi une réputation consacrée de chic et d'originalité le permettent. Sinon, gare au genre mariée d'opérette …
Enfin le rouge aux lèvres doit être invisible, de teinte naturelle ; renoncez à un rouge trop orangé ou trop brun. Il doit farder la bouche pour la renforcer et la rendre brillante plus que pour la transformer.
Votre coiffure, tout en étant assez apprêtée pour faire un ensemble harmonieux avec l'arrangement du voile et de la couronne rituelle, demeure de lignes simples : voile et couronnes enlevés, il ne faut pas que l'on remarque trop votre coiffure au détriment de votre visage.
Bien entendu, indéfrisable, teinture s'il y a lieu ou décoloration auront été faites une dizaine de jours à l'avance.
La veille, une mise en plis soignée ; et le matin même, votre coiffeur se fera un plaisir d'aller édifier votre coiffure à domicile.
Apportez longtemps à l'avance un soin particulier à la blancheur de vos mains : rien ne choque plus que des mains rouges et rèches sur une toilette de soie blanche.
Dès un mois à l'avance, renoncez au savon pour une crème de nettoyage qui donnera à votre épiderme beaucoup d'onctuosité. Les mains lavées et séchées, massez-les avec un velouté adoucissant.
Toutes les semaines, avec régularité, faites soigner vos mains par une bonne manucure : ce n'est pas en une seule séance qu'on peut vous rendre des mains impeccables.
Vous rendrez les ongles brillants grâce à une pâte et au polissoir ou bien vous emploierez un vernis dans des tons pâles tant en vogue en ce moment, incolore ou rosé. Toutefois, les vernis irisés argentés de nacre ou d'ivoire sont tolérés pour les grands mariages, lorsque la toilette s'enrichit de lamé, de paillettes et de fleurs.
Enfin, ne laissez voir aucun poil superflu sous les bas fins, ni entre la manche et le gant.
Les demoiselles d'honneur
La fraîcheur des jeunes filles invitées à former le service d'honneur nécessite également une préparation.
Les conseils que je pourrais donner sont ceux réservés à toutes les jeunes filles : un peu de crème bien étendue, un nuage de poudre de la couleur de la peau, sourcils lissés à la brosse humide, cils, paupières et lèvres graissées.
Passé dix-huit ans, une demoiselle d'honneur peut accentuer son maquillage et se « faire » discrètement la bouche et les yeux, à condition de choisir des fards sobres en parfaite harmonie avec la teinte de sa robe et de son chapeau : les teintes bleu vif, jaune, vert, exigent des fards plus soutenus que mauve, ciel, rose, nil.
Pour les ongles, choisissez un vernis assorti à la toilette ou au rouge à lèvres.
Celles dont le visage présente quelque ennui : granulations, boutons, points noirs, dartres, ont besoin de soins plus spéciaux quelques semaines avant le grand jour. Les mêmes conseils que ceux donnés à la mariée sont donnés pour la clarté et la pureté du teint.
Avant de penser à la coiffure gracieuse et simple qui complètera votre capeline ou votre bonnet de fleurs, ayez des cheveux souples, brillants, lustrés.
Teintures et décolorations ne sont pas permises aux très jeunes filles. Certains rinçages blonds, châtains, roux ou noirs, aux reflets absolument invisibles, sont néanmoins capables de rehausser le ton des crans et des boucles, avec la réserve que réclame votre âge.
Les petites filles complétant le service d'honneur auront une frimousse plus ravissante et plus veloutée si on leur passe sur la peau au lait adoucissant. Brossage des cils, des sourcils ; petites lèvres graissées au beurre de cacao.
Les dames du cortège
Viennent ensuite les mamans, soeurs aînées, parentes et amies.
A toutes le même conseil : agissez comme vous avez l'habitude de le faire en d'autres heureuses circonstances.
Evitez la beauté apprêtée et factice, qui gâche la belle ordonnance d'un mariage par son côté ridicule.
Préparez-vous quelques jours à l'avance, embellissez-vous quelques heures avant la cérémonie, avec le désir ardent de rester « vous », avec un peu plus de raffinement, de surveillance, et de coquetterie.
Vous vous maquillez couramment ? Ne changez rien à votre technique, perfectionnez-la en évinçant toutefois la tentation d'exagérer.
Vous vous maquillez peu ? Ne vous croyez pas obligées ce jour-la de renforcer les doses au point de vous dénaturer.
Mais si vous ne vous fardez jamais, faites-le au moins pour cette occasion, pour ne pas paraître terne dans un ensemble éclatant. Je ne vous conseille pas d'acheter au hasard quelques fards ou d'emprunter ceux de vos amies. Le résultat est toujours déplorable. Les Instituts de Beauté donnent des consultations et fournissent des produits exactement appropriés à votre teint et à la nature de votre peau, avec toutes directives utiles pour leur emploi. Passez donc dans l'un d'eux quelques jours avant la cérémonie à laquelle vous êtes invitées.
Il vous faudra choisir votre maquillage suivant votre robe et la lumière du jour.
Pour les teintes chaudes : rouge, jaune, orangé, il faut un maquillage donnant des reflets identiques ; pour les teintes froides : bleu, violine, vert, les fards doivent former un contraste ; pour les robes pâles, tendez vers les tons dorés et pastel ; pour les robes foncées, recherchez un maquillage clair et lumineux.
Si le temps est sombre, renforcez la note des fards ; si le ciel est bleu, agissez avec plus de mesure.
Le coiffeur doit vérifier vos cheveux le matin même du mariage et en rectifier l'arrangement quand vous avez mis votre chapeau.
Images :
Image 1 : Jeanette MacDonald
Image 2 : Titre et llustration Belles pour le grand jour, janvier 1938
Image 3 : Jill Esmond
Image 4 : Ann Harding, Photoplay 1933
Image 5 : Nancy Caroll
Image 6 : Mirna Loy
Image 7 : Illustration Belles pour le grand jour -les demoiselles d'honneur- , janvier 1938
Image 8 : Illustration Belles pour le grand jour - les dames du cortège- , janvier 1938
Image 9 : Jeanette MacDonald - Photoplay 1930
Sources :
La Femme de France, article de Sylvie, février 1937 et janvier 1938
C'est une approche étonnante du maquillage que Sylvie nous livre ce soir : le maquillage en fonction de l'âge.
Elle propose un maquillage adapté, pour ces femmes nées entre 1870 et 1920 ...
A vingt ans :
Cultivez votre fraîcheur. Protégez la peau par une crème choisie et ajoutez-y un nuage de poudre.
Pour colorer légèrement les pommettes, ayez un rose en poudre que vous appliquez presque sous les yeux.
Graissez les paupières de crème anti-rides et les lèvres d'un rouge qui avive leur éclat naturel.
Ne pensez pas à la femme que vous serez demain. Le maquillage doit vous être offert par l'air, le soleil, le vent, le froid.
Fardez légèrement les cils, ne crayonnez pas les sourcils, ne rougissez pas trop les lèvres.
Que votre joie de vivre scintille seule dans vos yeux ; que votre bonne santé anime votre bouche et vos joues en fleur.
A trente ans :
C'est la pleine jeunesse, accentuez vos particularités, dissimulez vos défauts.
Crème blanche, rose, ivoire ou brune, selon le ton de la peau ; pour les joues, fard gras rose-mousse, corail ou orangé, rouge à lèvres assorti ; toutes les nuances pour les paupières et les cils.
Deux sortes de poudres : l'une pâle, l'autre foncée.
Votre personnalité s'est affirmée : laissez-vous guider par elle, mais ne commettez aucun excès, ce qui est un manque de goût.
Evitez le genre « vamp » qui n'a plus cours. Méfiez-vous des joues blêmes, proscrivez les noirs charbonneux, ne soulignez pas d'un trait de crayon la frange inférieure des cils.
A quarante ans :
Composez-vous un maquillage subtil, d'un ton plus lumineux que lorsque vous aviez trente ans.
N'employez le rouge-crème que sur votre peau bien entretenue.
Aimez les poudres de nuances chaudes : abricot, abricot-soleil, ocre rosée ; les tons gris, vert, bleu pour les yeux dont vous estompez l'ombre en remontant vers les tempes.
Ne faites jamais usage des fonds de teint, ni des poudres ocrées.
Ne disposez pas le rose trop près du nez ou au bas des joues : vous ne feriez qu'accentuer l'impression de relâchement des traits.
Pour la même raison, ne dessinez pas les coins d'une bouche qui s'affaisse et ne gardez pas la ligne naturelle des sourcils tombants.
A soixante ans :
Munissez-vous de poudre de la couleur exacte de votre peau ; au besoin, obtenez-la par un mélange.
Utilisez un peu de rose géranium pour aviver les joues.
Ombrez les paupières si cela est nécessaire avec un fard gris ; vous pouvez également vous contenter de les graisser.
Fardez les lèvres avec un rouge naturel.
Votre crème de jour doit être nourrissante.
Ne fardez plus les joues si elles sont naturellement colorées ; dans le cas contraire, ne situez pas le fard près de la patte d'oie ou du cerne des yeux.
Pas de mastic aux cils, ni de rouge éclatant sur les lèvres.
Que votre charme soit fait de douceur et de sérénité.
Images :
Image 1 : Helen Ware et Evelyn Brent dans “Slightly Scarlet” - 1930
Image 2 : Priscilla Lane
Image 3 : Myrna Loy
Image 4 : Françoise Rosay
Image 5 : Virginia Bruce, Helen Ware et Evelyn Brent dans “Slightly Scarlet” - 1930
Source :
La Femme de France, extrait d'un article de Sylvie, novembre 1937
Dans la série Années Trente, Sylvie et Monelle vous expliquent aujourd'hui comment vous pouvez vous transformer en belle du soir, par une série d'attentions auxquelles vous devrez accorder tous vos soins.
Vos préparatifs immédiats sont importants. Faites-les se succéder avec calme, méthode, sans fièvre et sans nervosité. Votre beauté du soir doit être sereine : un maquillage savant sur un visage crispé, une jolie robe sur un corps las ne vous serviraient à rien.
Prenons donc le cas d'une femme que ses occupations professionnelles retiennent en ville, au bureau, au magasin, jusqu'à six heures au moins, et qui à partir de huit heures doit faire figure de femme du monde, fraîche, parée, reposée et brillante. Quel est le meilleur moyen d'y arriver dans le plus court délai possible ?
D'abord, économisez vos forces, réparez la fatigue nerveuse d'une journée fatigante. Prenez un taxi pour rentrer chez vous, allongez vos pieds sur le strapontin, fermez les yeux et relaxez-vous pendant le trajet. En montant l'escalier, ou dans l'ascenseur, vous déboutonnez votre manteau, retirez vos gants, pour gagner du temps ; dès la porte franchie, vous enlevez chapeau et manteau, et à peine dans votre chambre, la robe passe déjà par-dessus votre tête.
Pendant que le bain coule, un nettoyage du visage enlève la poussière et la poudre accumulée. Vous vous lavez les dents, et s'il y a lieu, vous procédez à une mise en plis, plus ou moins partielle. Les cheveux, humectés sont remis en plis et maintenus au moyen de peignes, épingles et pinces spéciales. La vapeur d'eau du bain aide à les faire tenir quand ils sont bien sculptés ; mais si au contraire, vous sortez de chez le coiffeur, vous les préserverez de la buée par un bonnet en caoutchouc, ou une serviette nouée.
Pour celles qui ont la peau sèche, l'humidité du bain, pendant que vous y serez, vous aidera également à faire une sorte de massage facial avec une crème adoucissante, assez grasse pour le soir : vous n'aurez pas ainsi la peau sèche et craquelée à la fin de la soirée, et le fard ne tiendra que plus parfaitement. Laissez cette crème sur l'épiderme le temps de procéder aux différentes ablutions, et essuyez-la après le bain.
Ne vous attardez pas dans le bain : vous en sortiriez rompues. Plongez-vous simplement pendant quelques minutes dans une eau très chaude et parfumée.
Epongez-vous et achevez de sécher la peau en la claquant avec les mains. Lotionnez le corps à l'eau de Cologne ou avec une eau de toilette choisie, non seulement pour l'agrément du parfum, mais pour la vitalisation certaine qu'on en retire.
Maintenant, le temps gagné vous permet quelque loisir. Vous pouvez alors reprendre le conseil des vieux manuels : éteindre quelques lumières ou tirer les rideaux, et vous étendre sur votre lit pour un repos complet de dix minutes ou un quart d'heure. Il est préférable de tenir les yeux fermés, et pour vous y oblige, posez sur les paupières une compresse imbibée d'eau de roses, dont l'effet sera extrêmement bénéfique.
A défaut, prenez le temps de vous étendre sur un divan ou une chaise longue pendant que vous vous soignez les mains et les ongles, en ayant la patience d'attendre que le vernis sèche bien..
Massez l'épiderme des mains avec un velouté en imitant les gestes que vous faîtes pour enfiler des gants neufs.
Choisissez pour les ongles un vernis nacré ou une laque vive, assorti au ton de votre robe ou au rouge de vos lèvres.
Soignez et embellissez le cou, les épaules, le dos, au même titre que le visage. Plaquez de larges compresses tonifiantes sur tout le décolleté, étendez-y une crème non grasse ainsi que sur les bras ;
Que vos jambes soient nettes et douces sous le fin tissage des bas. Epilez, poncez, massez avec une poudre hygiénique et du talc.
Votre maquillage doit être parfait et capable de le demeurer pendant de longues heures. Assurez-lui une base sèche et limpide ; édifiez-le avec légèreté et patience. Ne précipitez pas les différents rites du maquillage. Attendez quelques minutes entre eux, pendant lesquelles vous vaquez à un autre détail de votre toilette.
Choisissez une crème colorée : rachel, blonde, brune, mauresque. Etendez-en une très petite quantité, mais avec le plus de soin possible, sur le visage, le cou, tout votre décolleté, sans oublier les bras. Pour votre nez, vous devriez pousser le raffinement jusqu'à lui réserver une crème mate spéciale.
Après quelques minutes, enlevez scrupuleusement le surplus de crème. Ce conseil s'applique surtout à celles dont la peau grasse menace de briller au bout de quelques heures.
C'est là le grave écueil d'un maquillage du soir. La chaleur, l'animation, la danse, le champagne, les liqueurs … en créant des sudations plus intenses, transforment trop souvent, après minuit, les plus frais visages en des masques luisants aux fards coulés.
Comment éviter cet ennui ? Donner à son maquillage beaucoup de finesse et de délicatesse.
Poudrez-vous d'abord assez abondamment. Pas seulement le visage, mais le cou, les épaules, le dos et les bras. Enlevez ensuite l'excédent de poudre avec une brosse à poils longs et souples ou avec une grosse houppette en cygne réservée à cet usage. Un nuage d'une extrême légèreté doit simplement recouvrir la crème.
La couleur de cette poudre dépend de votre type et aussi du degré de votre pigmentation. Certaines femmes emploient une poudre d'un ton un peu plus clair pour le nez, ainsi que pour le décolleté et les bras. Personnellement, je trouve cette habitude assez heureuse.
Ensuite vous vous habillez, et bien entendu tout aura été préparé à l'avance, pendant que le bain coulait : rien de plus inutilement fatigant que de piétiner en allant et venant à travers la pièce. Le sac du soir lui-même contient tout ce qu'il faut, et la robe attend que vous l'enfiliez. Vous pouvez vous maquiller d'abord, ou bien mettre la robe si son ouverture n'est point si large que vous ne risquiez de la tacher et d'altérer par son frottement l'harmonie de votre maquillage …
Celui-ci sera plus poussé que pour le jour.
Pour le maquillage du soir, sans vous éloigner des directives générales, toujours basées sur votre type, la couleur de vos yeux et de vos cheveux, il est impossible que vous ne teniez compte aussi de la teinte de votre robe. Les tons éclatants exigent des touches de fards renforcées, les autres, plus légères.
Avez-vous une robe rouge ou violette ? Fardez-vous de brun pour les paupières et les cils.
Une robe bleue ou blanche ? Prenez des fards bleus.
Une robe verte ? Des fards verts.
Quant aux ongles de vos mains, c'est le moment de les parer de ces somptueux vernis nacrés, dont vous assortissez la teinte à celle de votre robe du soir.
Garderez-vous les pieds nus dans de jolies sandales à la grecque ? Que les ongles de vos pieds soient aussi soignés, aussi lumineux que ceux de vos mains.
Fardez-vous vos joues ! Je vous le conseille fortement, même si vous avez la peau très cuivrée. La crudité de la lumière électrique amplement composée de violet, les éclairages indirects que l'on trouve aujourd'hui dans beaucoup de salles, durcissent les reliefs et soulignent les ombres. A cause de cela même, j'insiste pour que vous choisissiez toutes une teinte dérivée du jaune et de l'orange. Rien ne change quant à l'application du rouge aux joues, dont il fut longuement question dans un autre article. Toutefois, les femmes qui ont les joues creuses devront mettre le fard au-dessous des pommettes.
Si le rouge ne s'étale pas bien, enlevez tout avec la lotion de nettoyage, et recommencez.
Les fards gras demeurent les favoris, à condition de ne pas souffrir de séborrhée accentuée. En ce cas, les fards en poudre sont préférables. Dois-je vous rappeler que les premiers s'appliquent avant le poudrage, et les seconds après cette opération ?
Bien entendu, vous employez un rouge gras, soigneusement assorti à la teinte de vos lèvres et de vos ongles.
Vous ombrez les paupières, si cela vous va, et dans ce cas seulement ; cependant aux lumières le maquillage des yeux est généralement seyant.
Utilisez les fards pailletés : châtains, gris, vert, bleu, améthyste.
En appliquant le fard pailleté d'argent ou d'or aux paupières, insistez sur le bord des cils, et estompez ensuite pour laisser la membrane transparente. N'allongez jamais les yeux avec un trait de crayon.
Ensuite vous essuyez la figure avec un linge fin pour enlever l'excédent de crème non absorbée et puis vous vous poudrez abondamment, et vous enlevez le surplus de poudre avec une brosse à poils longs et doux.
Le mascara des cils et le rouge des lèvres constituent la touche finale pour le visage.
Pour vos cils, les mastics : acajou, brun, bleu, vert, améthyste.
Méfiez-vous d'alourdir les cils de la frange inférieure : ne fardez que celle du dessus.
Et pour vos lèvres : les rouges clairs et surtout ceux tirant vers l'orange, la capucine, la mandarine.
Rougissez les lèvres sans les diminuer, ni les agrandir : cette tendance venue d'Hollywood est plus audacieuse que seyante.
A ce moment, les cheveux sont parfaitement secs ; vous retirez les épingles qui les maintenaient jusqu'à cette dernière minute, vous leur redonnez de la souplesse en les coiffant avec un peigne fin.
Et voilà, cette fois c'est bien fini : vous êtes aussi métamorphosée que Cendrillon au moment de monter dans le carrosse enchanté : il ne vous reste plus qu'à aller vers le prince charmant.
Images :
Image 1 : Bette Davis
Image 2 : Carole Lombard
Image3 : Toby Wing
Image 4 : Publicité Richard Hudnut’s DuBarry creams - 1939
Image 5 : Jean Harlow
Image 6 : Hedy Lamarr
Image 7 : Richard Hudnut’s DuBarry creams - 1939
Image 8 : Dolores del Rio
Image 9 : Détail d'une publicité Palmolive - 1932
Sources :
La Femme de France, articles de Monelle et Sylvie, 1933 à 1937.