Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Le blog de Cameline
  • : Un blog sur les femmes et la féminité, sur leur beauté et leur histoire .... Un blog aux petits soins pour la peau, aux petits soins pour soi.
  • Contact

Rechercher

Retrouvez cameline surHellocoton

Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

Les blogs 2016 qui inspirent les femmes actives
4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 22:00

 

Au-Bon-Marche-3.jpg

 

origin_1890_80674.jpg

 

 

Tout le linge de la femme, les dessous blancs qui se cachent, s'étalait dans une suite de salles, classé en divers rayons.


Les corsets et les tournures occupaient un comptoir, les corsets cousus, les corsets à taille longue, les corsets cuirasses, surtout les corsets de soie blanche, éventaillés de couleur, dont on avait fait ce jour-là un étalage spécial, une armée de mannequins sans tête et sans jambes, n'alignant que des torses, des gorges de poupées aplaties sous la soie, d'une lubricité troublante d'infirme ; et, près de là, sur d'autres bâtons, les tournures de crin et de brillanté prolongeait ces manches à balai en croupes énormes et tendues, dont le profil prenait une inconvenance caricaturale.


Mais, ensuite, le déshabillé galant commençait, un déshabillé qui jonchait de vastes pièces, comme si un groupe de jolies filles s'étaient dévêtues de rayon en rayon, jusqu'au satin nu de leur peau.

Ici, les articles de lingerie fine, les manchettes et les cravates blanches, les fichus et les cols blancs, une variété infinie de fanfreluches légères, une mousse blanche qui s'échappait des cartons et montait en neige.

Là, les camisoles, les petits corsages, les robes du matin, les peignoirs, de la toile, du nansouck, des dentelles, de longs vêtements blancs, libres et minces, où l'on sentait l'étirement des matinées paresseuses, au lendemain des soirs de tendresse.


Et les dessous apparaissaient, tombaient un à un ; les jupons blancs de toutes les longueurs, le jupon qui bride les genoux et le jupon à traîne dont la balayeuse couvre le sol, une mer montante de jupons, dans laquelle les jambes se noyaient ; les pantalons en percale, en toile, en piqué, les larges pantalons blancs où danseraient les reins d'un homme ; les chemises enfin, boutonnées au cou pour la nuit, découvrant la poitrine le jour, ne tenant plus que par d'étroites épaulettes, en simple calicot, en toile d'Irlande, en batiste, le dernier voile blanc qui glissait de la gorge, le long des hanches.


C'était, aux trousseaux, le déballage indiscret, la femme retournée et vue par le bas, depuis la petite bourgeoise aux toiles unies, jusqu'à la dame riche blottie dans les dentelles, une alcôve publiquement ouverte, dont le luxe caché, les plissés, les broderies, les valenciennes, devenait comme une dépravation sensuelle, à mesure qu'il débordait davantage en fantaisies coûteuses.

La femme se rhabillait, le flot blanc de cette tombée de linge rentrait dans le mystère frissonnant des jupes, la chemise raidie par les doigts de la couturière, le pantalon froid et gardant les plis du carton, toute cette percale et toute cette batiste mortes, éparses sur les comptoirs, jetées, empilées, allaient se faire vivantes de la vie de la chair, odorantes et chaudes de l'odeur de l'amour, une nuée blanche devenue sacrée, baignée de nuit, et dont le moindre envolement, l'éclair rose du genou aperçu au fond des blancheurs, ravageait le monde.

 

Mode-1880-2.jpg

 

Mode-1880-7.jpg

 

Mode-1880-5.jpg

 

Mode-1880-8.png

 

 

Source : Au Bonheur des Dames, Emile Zola, 1881

Gravures du magasin Au Bon Marché, XIXeme siècle

Images de mode en 1880 : Collection Maciet, Bibliothèque des Arts Décoratifs

 

Mode-1880-3.png

 

Rendez-vous sur Hellocoton !

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Est ce un extrait de chapitre?Et de quelle chapitre?
Répondre
C
Oui, en effet, c'est un extrait du chapitre 14. Merci pour cette question, j'aurais dû le préciser !
H
Bonjour et excusez moi pour cet oubli,<br /> Il s'agit de l'article sur la mode au XIXème siècle avec les photographies des robes de Charles Frederick Worth et le commentaire sur le roman d'Emile Zola "Au bonheur des dames".<br /> J'ai vu qu'il y avait de nombreuses robes au Metropolitan Museum, mais New-york est bien loin de Bordeaux. Le Musée Galliera est fermé pour plusieurs mois encore. Nous avons visité la semaine<br /> dernière l'exposition au musée d'Orsay "L'impressionnisme et la mode" et ce fut un enchantement. Après cette visite, votre article est un pur bonheur et un éblouissement pour les yeux. Merci
Répondre
M
<br /> <br /> Merci à vous pour vos visites et pour ce commentaire. Grâce à internet aujourd'hui nous pouvons admirer les trésors des musées les plus éloignés, mais les voir en réalité est un plaisir encore<br /> plus grand !<br /> <br /> <br /> <br />
H
Bonjour, votre blog est très interessant et vos photos magnifiques. Pourriez-vous m'indiquer où se trouve le musée dont vous parlez ? J'aimerais le visiter en famille.<br /> Merci et bonne journée Hannah
Répondre
M
<br /> <br /> Merci Hannah ! Pour ce qui est du musée dont vous parlez, pouvez-vous me dire dans quel article je le cite ?<br /> <br /> <br /> <br />
G
J'aimerais revivre ce temps là pour voir les élégantes venir chercher des merveilles de beauté
Répondre
M
<br /> <br /> Heureusement, Zola a su merveilleusement les décrire !<br /> <br /> <br /> <br />
N
c'est un de mes livres préférés ... tes illustrations ne font que renforcer mon idée de le relire ;)
Répondre
M
<br /> <br /> Zola décrit si bien son époque ...<br /> <br /> <br /> <br />
E
Un des livres que j'ai lu au moins deux fois... Bises
Répondre
M
<br /> <br /> Un très beau livre ! Bisous ^-^<br /> <br /> <br /> <br />
S
Merci pour cet extrait, tu me donnes envie de le relire! On s'y croirait...
Répondre
M
<br /> <br /> C'est un de mes livres préférés, avec, dans la même série, la Curée ...<br /> <br /> <br /> <br />