La peau et la chevelure : hygiène, maladies, traitement, par le Dr Maximilien-Albert Legrand, Editions Larousse, 1908
Hâle du visage
Dessèchement passager et flétrissure particulière de l'épiderme qui brunit sous l'influence du grand air sec, chaud ou froid, du grand vent, de la brise de mer, etc.
On s'en préserve en se protégeant à l'aide de voilettes suffisamment épaisses, mais pourtant pas trop serrées, ce qui pourrait congestionner la face, par l'emploi des chapeaux à larges bords, des ombrelles, des gants épais, etc., en évitant la constipation.
Pour le lavage du visage, se servir d'eau tiède additionnée de 5 grammes de bicarbonate de soude, si la peau est grasse. Si la peau est sèche au contraire, légère onction de vaseline boriquée le soir, ou de glycérine, qui lui donnera la souplesse nécesssaire.
Des personnes, par crainte de se gâter le teint, ne se lavent jamaisle visage à l'eau froide ; d'autres n'emploient pas le savon ; d'autres encore n'utilisent pour se nettoyer que la vaseline. On sait que certaines femmes ont poussé le culte de leur teint , et de la fraîcheur de leur peau, jusqu'à prendre des bains de lait, d'huile, de champagne, jusqu'à s'appliquer la nuit, sur la face, des tranches de viande crue, etc.
Sous le Directoire, Mme Tallien essaya les bains de framboises et de fraises écrasées. Un médecin français recommanda les bains de sang frais, et un allemand, les bains de tripes ! Encore un allemand celui qui voulait mettre les élégantes dans le fumier ... toujours pour leur conserver le teint. De nos jours, la glycérine, le chlorure d'ammonium, les bains chimiques et électriques ont, heureusement, supplanté toutes ces horreurs, sauf peut-être les applications de bifteck, qui continuent à avoir leurs partisans parmi les raffinées du beau sexe !!
Faut-il dire que toutes ces pratiques n'ont aucune utilité réélle, s'il est bon toutefois de lutter contre le hâle prononcé ? Mais, que faire ? Passer sur le visage, soir et matin, un tampon de ouate trempé dans une solution (conservée dans l'obscurité) de permanganate de potasse, 10 centigr. pour 200 grammes d'eau de roses (Galtier-Boissière).
Pour les mains, les enduire, au moment du coucher, d'une légère couche de vaseline parfumée, et porter des gants de peau la nuit.
Ephélides (taches de rousseur, masque)
Taches jaune brun, lisses, arrondies, irrégulières, grandes comme un point, parfois comme une pièce de 50 centimes, exceptionnellement beaucoup plus étendues. Aucune démangeaison. Ces taches ne se trouvent que sur les parties du corps exposées au soleil. Elles ont la même cause que le hâle du visage, disparaissent l'hiver, pour se montrer de nouveau au printemps. Elles nécessitent, pour s'en préserver, les précautions déjà indiquées ci-dessus.
Comme traitement : prendre des douches d'eau de Luchon, de Barèges, et, ce qui est bien plus simple, se laver avec une solution de pissenlit (une poignée dans un litre d'eau) ; tamiser à travers une mousseline fine ; lotionner les taches matin et soir, pendant quelques jours.
On peut encore user de sublimé, 1 gramme pour 1/2 litre, ou de chlorhydrate d'ammoniaque en frictions, matin et soir, 1 gramme dans 500 grammes d'eau.