De nos jours encore, l'image de la dernière reine de France reste très controversée.
Tandis que les uns la considèrent comme une princesse frivole, capricieuse, égoïste et insouciante, les autres l'encensent et louent ses charmes associant la beauté et la noblesse.
"Derrière la Reine, il y a certes la Femme, la Mère, mais surtout une personne joyeuse et paradoxalement en souffrance qui apparaît derrière l'icône. Une Reine mal comprise, et qui peut-être n'en avait pas l'étoffe (...). Sa passion pour les Arts et l'esthétique en général certes ne l'avantage pas à Versailles dans son rôle de souveraine et vis-à-vis du peuple, mais redonne à la femme son trait essentiel : un besoin d'exister et de vivre sa vie comme elle l'entend envers et contre tous."(1)
A ses quinze ans, elle est décrite par Madame Campan : "éclatante de fraîcheur, elle parut mieux que belle à tous les yeux. Sa démarche tenait à la fois du maintien imposant des princesses de sa maison et des grâces françaises ; ses yeux étaient doux, son sourire aimable"(3).
De même, Burke disait de la dauphine qu' "elle étincelait comme l'étoile du matin, toute pleine de vie, d'éclat et de bonheur."
"Par un contraste singulier (...), la gaieté couvrait ce fond ému, presque mélancolique de la Dauphine ; sa gaieté folle, légère, pétulante, remplissait tout Versailles de mouvements et de vie. Son rire ne faisait qu'aller et venir dans le vieux palais." (2).
Quand elle devient Reine de France,elle n'est plus la jolie ingénue.
"Elle est la reine, une reine dans tout l'éclat, dans toute la fleur et toute la maturité, dans tout le triomphe et tout le rayonnement d'une beauté de reine.
Elle possède tous les caractères et toutes les marques que l'imagination des hommes demande à la majesté de la femme : une bienveillance sereine, presque céleste, répandue sur tout son visage ; une taille que madame de Polignac disait avoir été faite pour un trône, le diadème d'or pâle de ses cheveux blonds, ce teint le plus blanc et le plus éclatant de tous les teints, le cou le plus beau, les plus belles épaules, des bras et des mains admirables, une marche harmonieuse et balancée, ce pas qui annonce les déesses dans les poèmes antiques, une manière royale et qu'elle avait seule de porter la tête, une caresse et une noblesse du regard qui enveloppaient une cour dans le salut de sa bonté, par toute sa personne, enfin ce superbe et doux air de protection et d'accueil ; tant de dons, à leur point de perfection, donnaient à la Reine la dignité et la grâce, ce sourire et cette grandeur dont les étrangers emportaient le souvenir à travers l'Europe comme une vision et un éblouissement."
Cette description d'une reine de légende et parfaite, faite en 1858, par Edmond et Jules de Goncourt (2) dépeint bien l'image idéale et rêvée que Marie-Antoinette laissait alors à nombre de français, et montre l'importance qu'elle tenait dans leur coeur.
Et dans le même ouvrage, on apprend que la "Reine servait le talent et intercédait pour le génie. Le meilleur temps de la Reine, ses plus belles heures, étaient données aux travaux charmants, aux plaisirs aimables de l'art, à cet art surtout, la musique. La Reine protégeait les grands musiciens et recherchait leur amitié. L'amour de la musique l'avait menée à l'amour du théâtre. Le théâtre est le grand plaisir de Marie-Antoinette."
Elle-même chantait et jouait du clavecin et de la harpe. Elle était sensible, gaie et enjouée, aimant les plaisirs, les jeux, et était passionnée par les spectacles et les bals.
D'apparence frivole, elle n'oubliait toutefois jamais qu'elle était reine. Bien que n'ayant pas un rôle réel au niveau politique, elle se préoccupait des pauvres, des enfants malades, et des relations de la France avec les autrespays. Et c'est dans l'idée de la représentation de la monarchie qu'elle expose fêtes et dépenses, offrant à sa Cour le spectacle du luxe et du plaisir, maladroitement dans le contexte de pauvreté du royaume.
Mais son goût du théâtre, du déguisement et du jeu, lui permettent d'une certaine manière de prendre la vie comme un jeu, et c'est comme tel qu'elle jouera sa fuite à Varennes, annonçant le dénouement tragique.
Sources :
(1) Le site Marie-antoinette, la Femme et les Arts de Michaëla Degui
(2) "Histoire de Marie-Antoinette", d'Edmond et Jules Goncourt, 1858
(3) Mémoires de Madame Campan