Le bon médecin, par le Dr Herbet, 1931 (Librairie Larousse)
Soins de la chevelure
« Le cuir chevelu doit être, aux différents âges, l'objet de soins hygiéniques.
Chez l'enfant, l'hygiène du cuir chevelu est simple ; elle se résume en trois mots : cheveux courts, propreté.
Chez les petits garçons, les cheveux courts permettent de voir ce que la propreté doit mieux entretenir. Cette propreté s'entretient par des savonnages réguliers, qui peuvent être quotidiens sans aucun dommage, contrairement à la vieille idée populaire qui croit que l'eau et le cheveu sont deux ennemis. On choisira de préférence des savons de goudron, de goudron de cade en particulier, et surtout des savons qui ne soient pas trop alcalins. L'eau savonneuse doit être bien rincée, et la tête suffisamment séchée, sans qu'il faille attacher trop de minutie à ce dernier point.
Chez les fillettes, l'hygiène du cuir chevelu est également simple. Le brossage très soigné et biquotidien des cheveux longs et un savonnage mensuel ou bimensuel du cuir chevelu suffisent. D'ailleurs, la coutume des cheveux courts facilite grandement l'entretien du cuir chevelu.
Il est remarquable de voir combien un cuir chevelu sain à cheveux longs se salit peu. Ce sont les cheveux qui retiennent les poussières : d'où la nécessité du nettoyage à la brosse des longues chevelures. Cinq minutes bien employées y doivent suffire, mais y sont très nécessaires. Quant au savonnage, il a pour but de nettoyer, non pas les cheveux, mais le cuir chevelu, de ses déchets.
Nous n'insisterons pas sur la propriété exclusive des brosses et peignes attribués à chaque enfant ; c'est là une notion élémentaire : une brosse à cheveux ne doit, pas plus qu'une brosse à dents, être prêtée à autrui (Dr Sabouraud).
A partir de la puberté, entre dix et quinze ans, certains cuirs chevelus se couvrent de squames ou pellicules, d'abord sèches, puis grasses, qui tombent sur les habits de l'enfant ; ces pellicules disparaissent vers dix-sept à dix-neuf ans pour laisser la place à une huile demi-fluide qui rend les cheveux gras et luisants. C'est cette séborrhée grasse qui est la cause la plus fréquente de la chute de cheveux ou calvitie.
Pour lutter contre cet état gras du cuir chevelu, le Dr Sabouraud a recommandé l'emploi des goudrons, tels que l'huile de cade ou l'huile de cèdre en nature, en pommades ou en lotions alcoolisées, appliquées le soir sur le cuir chevelu, tandis que le lendemain matin on savonne celui-ci, raie par raie, avec un savon liquide neutre, comme le savon Ramet pur ou au soufre, à l'huile de cade ou de cèdre ; on rince ensuite et on sèche. Il peut être indiqué dans certains cas de faire un lavage sans savon, dit au jaune d'oeuf. On bat deux jaunes d'oeufs frais dans un demi-litre de décoction de bois de Panama et on brosse le cuir chevelu avec cette solution. On rince ensuite deux fois, d'abord avec ce qui reste de bois de Panama, puis à l'eau pure.
Si les cheveux sont trop secs, on peut les graisser, très modérément, avec une brillantine, une pommade à l'huile de cèdre ; une quantité égale à une petite cerise doit suffire sur une tête entière et la pommade doit s'appliquer non pas sur le cheveu, mais sur le cuir chevelu, par un léger massage avec le doigt.
Certaines pratiques sont souvent désastreuses pour les cheveux ; c'est, tout d'abord, le savonnage répété avec certains shampoings du commerce, trop alcalins, qui amincissent progressivement le cheveu et lui donnent ce que les coiffeurs appellent la maladie de la perle, c'est-à-dire ces petites boules grises qui siègent à 1 centimètre de l'extrémité du cheveu et le rendent cassant.
Les chauffages de toute sorte, la frisure incessamment renouvelée, en particulier la frisure permanente, dite « indéfrisable », ont le tort de coaguler l'albumine du cheveu, ce qui le rend moins résistant.
Les décolorations à l'eau oxygénée rendent à la longue les cheveux fragiles et cassants. Quant aux teintures, on peut affirmer, en général, que toutes sont plus ou moins nuisibles aux cheveu. »